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La Grande Guerre: Reportages et Témoignages


zygomard
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Se qui me frappe, c'est le nombre immense de divisions de part et d'autres..... axelay.gif.ebb310ae44703b82c80f1127017c2806.gif

 

Trouvé ce lien sur la compositions des unités de WWI

 

http://1914ancien.free.fr/effectif.htm

 

 

 

 

@pollux :jap:

 

Pas mal les photos, mais c'est un topic sur 14/18.....

 

Essaye de les mettre sur le sujet de Michel du

 

Matériels de la Seconde Guerre mondiale

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Se qui me frappe, c'est le nombre immense de divisions de part et d'autres..... axelay.gif.ebb310ae44703b82c80f1127017c2806.gif

 

Trouvé ce lien sur la compositions des unités de WWI

 

http://1914ancien.free.fr/effectif.htm

 

 

 

 

@pollux :jap:

 

Pas mal les photos, mais c'est un topic sur 14/18.....

 

Essaye de les mettre sur le sujet de Michel du

 

Matériels de la Seconde Guerre mondiale

 

 

oui, à la fin de la période 3/8- 14/8/1914, je mettrais tout les liens, celui que tu montres est une mine très importante où l'on peut prendre

ensuite une direction de travail bien que mon support premier sont mes livres

 

@Pollux :jap:

 

julluch à raison, au faite, je t'ai mis une bonne liste de livres sur le topic des as et aviateurs, et il y en aura d'autres

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REPORTAGE: La bataille de Lagarde

 

images.jpg

 

Avertissement: on touche ici un épisode douloureux de cette guerre, vous comprendrez à la fin...

ça va situé ce qui va se passer dans les jours à venir. j'écris cela car il y a plusieurs mois, j'ai découvert les faits en préparant la grande

bataille suivante, totalement inconnue des français.

et j'ai aussi compris que l'histoire officielle et la vérité sont deux choses différentes

je vous laisserai des liens, allez les lire svp car je ne fais qu'un condensé sur ce poste, c'est tellement énorme!

 

 

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bataille de lagarde.png

 

 

Dans les jours qui précèdent la déclaration de guerre, en Lorraine annexée, à Lagarde, comme de part et d'autre de la frontière, l'opinion publique est partagée : les uns croient à la guerre, les autres non.

 

A Martincourt, un château-ferme appartenant à un prussien, situé à une portée de fusil de la frontière et de la forêt de Parroy, emploie, comme moissonneurs, des vétérans de l'armée allemande, parmi lesquels des sous-officiers, au nombre d'une trentaine. Ce sont des Polonais, plus exactement des Allemands annexés ou Prussiens orientaux, une partie de la Pologne formant la Prusse Orientale.

 

 

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Ces vétérans circulent fréquemment et librement dans le pays français et notamment en forêt de Parroy. Ils seront, en cas de guerre, d'excellents guides à travers ces bois très marécageux, impraticables sans leur concours, à une armée d'invasion. En effet la forêt permet d'arriver en deux heures, à cheval, jusqu'à Lunéville, où sont en garnison la 2e division de cavalerie et le 2e bataillon de chasseurs.

 

 

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Le jeudi 30 juillet, les réservistes de Martincourt sont rappelés par un cycliste. Un premier incident se produit à la frontière : dans l'après-midi, deux officiers allemands appartenant au régiment de chevaux-légers de Dieuze, parcourent 250m en territoire français. Un marinier pense qu'ils ne savent pas où ils se trouvent et le leur rappelle poliment. Ils lui rient au nez.

 

Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Les premières escarmouches se produisent. De nombreuses patrouilles partent de Martincourt. Son propriétaire transmet son affaire à son régisseur Schiffmann et s'enfuit, craignant d'être arrêté immédiatement comme espion par les Français.

 

 

ulanen_auf_vorhut.jpg

 

Mercredi 5 août, le 15e corps d'armée de Provence commence sa concentration : le 19e régiment d'artillerie et le 40e régiment d'infanterie quittent Nîmes. A Avignon à 20H50, c'est le 1er bataillon du 58e RI qui s'en va pour la Lorraine, les deux autres le rejoignent le lendemain.

 

Le vendredi 7 août 1914, lorsque les premières troupes du 15ème Ca débarquent sous une pluie battante, l’infanterie à Vézelise, l’artillerie à Diarville, la première mission qui leur est assignée est de renforcer les troupes de couvertures déployées dans la région du Sânon. Depuis la déclaration de guerre la 2ème DC surveille un secteur trop étendu pour elle, l’arrivée de la 59ème Brigade va permettre son repositionnement et le renforcement de la surveillance de la frontière.

 

 

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Le 9 août, à 3h30, les régiments à pied -sauf l’artillerie qui, mise en alerte, remonte vers Haraucourt- se dirigent sur Crévic, puis Arracourt où ils stationnent jusqu’à 14h30 avant de se séparer. Le 1er Bataillon du 40ème RI reste à Arracourt avec l'Etat-major du régiment, le 2ème va à Athienville, le 3ème dans la Forêt de Besanges; les 1er et 2ème Bataillons du 58ème ainsi que l’Etat-major vont à Einville-au-Jard avec la compagnie Hors Rang, le 3ème cantonne à Enaménil. Comme il est prévu que le lendemain on retirera au 20ème CA la 10ème DC et le 2ème BCP portés sur un autre secteur (Ordre général N°7), le secteur

 

concerné passera sous le contrôle exclusif de la 2ème DC à laquelle on adjoindra les troupes du colonel Marillier.

 

 

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Le 10 août le mouvement de relève se fait dans la matinée. Le 1er bataillon du 58ème va aux avant-postes à Bezanges-la-Petite, il est immédiatement repéré par des batteries allemandes qui tirent depuis le Nord de Juvelise tuant et blessant des cyclistes du 2ème groupe et 6 hommes du 58ème, le 2ème bataillon va à Coincourt avec les avant-postes à Moncourt et au Bois du Haut de la Croix, le 3ème à Xures, l’Etat-major s’installe à Parroy. Il y rejoint le 2ème bataillon du 40ème qui a quitté Arracourt où il a laissé le 1er bataillon alors que le 3ème occupait les avant-postes dans la forêt de Bezange-la-Grande. Le 2ème BCP, relevé, va s’installer en forêt de Parroy. Partie à une heure du matin de Hudiviller où elle avait passé la nuit, l’artillerie est arrivée au Nord de Parroy.

 

Les Allemands occupent le village de Lagarde et un peu au Sud-ouest, le château de Martincourt à deux pas de la frontière. Cette belle grosse bâtisse rurale avec un domaine de plus de 200 hectares cultivables et un moulin au Gué du Laxat appartient à un certain Bergerfurth, officier de réserve de l’Armée impériale. Un domaine ancien si l’on se réfère au cadastre.

 

 

 

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En apparence le secteur semble calme. En apparence seulement…car chacun sait que les patrouilles allemandes et françaises échangent régulièrement des coups de feu et a eu vite compris que l’artillerie allemande, disposant d’observatoires très bien placés, tirait chaque fois que des troupes françaises se montraient. Si l'on se souvient que les Allemands occupent le terrain depuis 1875, cela n’a rien de surprenant.

 

Les consignes du Général de Castelnau sont claires : ″ éviter toute escarmouche tant que la concentration ne sera pas terminée ″. Il est prévu qu'elle le sera le 14 août.

 

Les éléments inquiétants ne manquent pourtant pas, et il semble bien qu’ils n’ont pas été pris au sérieux par l’état-major de la 2ème DC : le 7 août, un détachement de huit cavaliers du 4ème escadron du 20ème Dragons a effectué une reconnaissance sur les villages de Xures et Lagarde, y a constaté la présence de troupes ennemies et a eu à déplorer son premier mort.

 

 

 

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Comme il est de règle, des reconnaissances sont régulièrement envoyées pour parer aux infiltrations et préciser le dispositif ennemi. Le capitaine Rourrissol de la 9ème compagnie du 58ème RI, rend compte par écrit de la dernière au colonel Jaguin, lequel transmet au lieutenant-colonel Oddon remplaçant le colonel Leroy au 40ème :

 

" L'ennemi occupe le village de Lagarde ainsi que la Côte 283 qu'il a organisée défensivement. On aperçoit une tranchée sur le versant ouest de 283. Le fond du ravin qui sépare cette position du mamelon est de Xures présente des éléments de haie, près desquels sont creusés quelques trous de tirailleurs. La route de Lagarde à Ommeray est également occupée par de l'infanterie à laquelle se sont adjoints des Hussards et des Chevaux Légers. L'effectif de l'infanterie ne peut pas être fixé d'une façon certaine, le développement des ouvrages permet de supposer qu'il peut être de deux compagnies. L'effectif des cavaliers est incertain. Il n'a pas été aperçu d'artillerie ″

 

Ce rapport, plus qu’approximatif, décrit assez mal le paysage. Il n’y a pas de ravin à proprement parlé là où il est mentionné, tout au plus une dépression, et les mots ″ le mamelon Est de Xures ″ ne sont guère précis, on ne parle pas non plus de la proximité inquiétante du Bois du Haut de la Croix. Un croquis plus que succinct est joint au rapport, il reproduit grossièrement la carte d’état-major et n’apporte rien de plus.

 

 

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Le Général Lescot qui a sous la main le 19ème RAC pouvant fournir de l'artillerie, envisage de mettre à exécution un plan " préparé en secret et organisé comme un coup de main «

 

Il convoque une réunion à 15 heures à la Mairie de Parroy, y délègue le lieutenant Antoinat de son état-major, dans le civil Alain de Pennenrun, connu comme " journaliste spécialiste " des Guerres balkaniques, pour exposer son plan.

 

Après que le capitaine Callies et le commandant Cornillat aient demandé quelques modifications de détails quand aux cheminements d’approche, il est confirmé que l'assaut sera donné au village de Lagarde.

 

" Les troupes seront tenues prêtes à marcher à partir de 16 heures 30 "

 

19è RAC.jpg

 

 

L’attaque du 10 août

 

A 11 heures, le 2ème Bataillon du 40ème (commandant Bertrand) s’est déplacé d'Athienville à Parroy, à proximité de l'Etat-major de la 59ème DI.

 

A 15 heures, le 3ème Bataillon du 58ème (commandant Cornilliat) quitte Mouacourt pour Xures.

A 16 heures 30, le détachement d'infanterie qui doit donner l'assaut sous les ordres du lieutenant-colonel Oddon, prend la formation de combat et se met en mouvement.

 

Le 3ème Bat du 58ème a pour premier objectif d'occuper la côte 283 dominant Lagarde.

 

A 18 heures 15 environ, les 1ère et 3ème Batteries du 19ème RAC ayant pris leurs emplacements de tir au Nord-ouest de Xures, ouvrent le feu sur la tranchée repérée à la côte 283, puis tirent sur les lisières du village.

 

Ces tirs provoquent quelque émoi chez les soldats dont c’est le baptême du feu mais ils doivent aussi surprendre les habitants qui ayant reçu en plein village plusieurs obus français ne seront pas forcément très aimables, deux heures plus tard, à l’arrivée des troupes.

 

A 18 heures 45, (au crépuscule, dit le rapport d’opération), à 2800 m de l’objectif, les compagnies se mettent en marche. La patrouille de tête atteint la bicoque donnée comme premier objectif, elle reçoit quatre ou cinq coups de fusils tirés, croit-on, du parc du château. La sixième compagnie encercle aussitôt les bâtiments, les visite, un peu trop rapidement, car le temps presse.

 

Il est 19 heures 10, la nuit s’installe. Il devient peu aisé de repérer un toit rouge ! La marche devient périlleuse tant les obstacles sont nombreux. Les prairies sont encloses de barbelés que les cisailles de dotation ne peuvent couper, -avertissement dont on ne tiendra pas compte et qui coûtera plus tard la vie à des milliers de soldats lorsqu’on découvrira enfin, mais un peu tard, qu’elles sont inefficaces sur les réseaux allemands-, les pieds se tordent dans les rases de drainage, au sud il faut marcher dans des avoines hautes, plus loin les pacages sont inondés. La troupe avance…à l’aveuglette.

 

Et vers 19 heures 30 le 40ème n’est plus très loin du village, le commandant Bertrand, toujours devant, veille à l’alignement des compagnies déployées perpendiculairement au canal.

 

 

Il est 20 h.

Il faut maintenant entrer dans le village barricadé.

L’ennemi est probablement embusqué dans les ruelles assombries.

Le capitaine Roussel s’offre, encore une fois, à passer en premier, trouve quelques volontaires, démolit la barricade d’engins agricoles enchevêtrés et fonce, à la tête de sa petite troupe, vers la Mairie où il se heurte…à une fraction du 58ème arrivant par le Nord. Dans l’obscurité quelques coups de feu partent. Il lui faut une solide énergie pour éviter le massacre. Le commandant fait dégager les obstacles, les 6ème, 7ème compagnies et une section de la 8ème franchissent le pont. Les autres sections de la 8ème compagnie qui ont fini par franchir le Sânon suivent le canal en portant à droite, trouvent le pont est du village lui aussi barricadé, le dégagent et entrent dans Lagarde, sans encombres, suivies par la compagnie de mitrailleuses.

 

 

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Il est 20H30, le 58ème aborde finalement le village par le cimetière et la lisière Nord-ouest, avec un seul blessé à déplorer à la 10éme compagnie.

Il semble bien que les Allemands, pressés par l’attaque du 58ème au Nord, du 40ème au Sud et les tirs des batteries du 19ème RAC, se soient repliés en hâte,," emportant leurs morts (?) et laissant cinq blessés aux bons soins des religieuses allemandes présentes dans village ". Selon Ficonetti, on retrouvera vingt huit lances abandonnées et quelques chevaux oubliés.

 

La manœuvre a réussi.

Le général Lescot, informe la 30ème DI qu'il a ″ enlevé Lagarde à la baïonnette après combat ″.

 

C'est vrai ! C’est beaucoup dire !

 

 

Le commandant Bertrand qui s’est installé à la Mairie répartit ses troupes

 

Il ordonne que l’on fouille le village, qu’on lui amène les suspects puis commence les interrogatoires. Selon la relation Simonet, le Maire et l’instituteur se montrent réservés, ne donnent aucune indication sur les troupes allemandes, prétendant être restés enfermés dans leur cave depuis le premier coup de canon.

Le curé, dont on apprend qu’il est le fils d’un combattant de 1870, semble mieux disposé à l’égard des Français et donne quelques informations :

 

 

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″ le village était occupé depuis la nuit du 29 au 30 juillet par un détachement du 7ème Dragons, deux compagnies du 138ème RI étaient arrivées dans l’après midi mais s’étaient retirées vers 18 heures en direction de Moussey…l’ennemi aurait des forces importantes dans les environs ″

 

La fouille des maisons conduite par le sous-lieutenant Rasias, adjoint du commandant Bertrand, ne donne rien de particulier si ce n’est un petit drapeau français que l’on s’empresse, assez naïvement, de hisser au fronton de la Mairie.

 

Le commandant Bertrand va de poste en poste, approuve globalement les dispositions prises, revient sur celles qu’il juge aventureuses: il fait rentrer le petit poste de la route de Bourdonnay, ramène les hommes placés au N-E dans les vergers, les remplaçant par ″ un petit poste à la Bugeaud ″, fait revenir les patrouilles que le lieutenant Davet de la 5ème compagnie a placées trop en l’air.

 

 

Les soldats essaient de lier conversation avec la population. Le beau-père de l'instituteur de Lagarde, un vieux combattant de 1870, passe la nuit à causer avec les soldats de la 5e. Il manifeste, à la fois, sa joie et son appréhension de revoir les Français en Lorraine annexée, il dit au Lt Bosquier :

 

"Méfiez-vous, vous serez attaqués bientôt et par des forces supérieurs. Je ne crois pas que vous vous en sortiez. Les Allemands sont très près d'ici, vers Bourdonnay et dans les bois ; ils y sont très fortement organisés. Qu'êtes-vous venus faire ici ? »

 

Vers 23heures on peut considérer que toutes les dispositions prévues sont prises et que le village est en état de défense.

 

 

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Le repli allemand n'est que tactique et cette même nuit, à Dieuze, les généraux décident de lancer une contre-attaque. En raison du dispositif des Français et des difficultés dues à la configuration du terrain, une attaque de nuit sur Lagarde est exclue car dangereuse.

 

En attendant le matin, les chasseurs allemands d'Aschaffenurg creusent des tranchées de tir. Une action commune est convenue entre l'infanterie et la cavalerie. Une batterie d'obusiers du 8e RA les appuiera en prenant position sur les hauteurs qui domine le village.

 

11 août 1914

les allemands contre-attaquent

 

 

Vers 7 heures, un avion allemand survole le village puis des guetteurs signalent la présence de groupes de deux à quatre hommes

 

On sait par une narration allemande, qu’il s’agissait du Général von Redwitz commandant la quatrième Brigade de Cavalerie et de son état-major venus observer le terrain pendant que les deux régiments de Uhlans se glissaient entre l’Etang d’Ommeray et le Bois Chanal pour prendre à revers l’artillerie française et bloquer ensuite la route vers Xures, refermant ainsi la nasse.

 

 

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Il est maintenant 8 h 30.

Une salve d’artillerie passe au-dessus du village.

C’est le signal ! L’attaque allemande se déclenche.

 

Situation: Après avoir habilement retiré leurs troupes et sans pertes notables, les allemands ont, dans la nuit, décidé de profiter de la situation géographique propice à un encerclement pour reprendre Lagarde et y bloquer leur proie selon un plan assez simple.

 

Le général allemand Von Stetten qui commande une division de cavalerie bavaroise et le général de la 42ème Division d’infanterie montent une action commune avec la compagnie d’infanterie et la cavalerie appartenant aux troupes gardes-frontières.

 

 

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Les feux se concentrent d’abord à l’Ouest et au Nord-Ouest sur les positions du 58ème RI, puis sur les lisières est et sud du village et vont croître au fur et à mesure de la bataille -on verra pourquoi-, les mitrailleuses du Bois Chanal arrosent les pentes est du cimetière et la lisière est du village, celle de la Garenne balayent le canal sur toute sa longueur.

 

Selon toutes apparences il est prévu de fixer le 58ème RI à l’ouest par l’artillerie, de bloquer le 40ème RI au sud par l’artillerie et les mitrailleuses et d’attaquer par le Sud-est avec le 138ème et par l’Est avec le 2ème Chasseurs bavarois. Il ne s’agit pas seulement de reprendre Lagarde, il s’agit d’y bloquer les Français.

C’est ce qui est entrain de se passer.

 

voyons la situation du commandement français:

 

 

A 6h du matin, Castelnau, commandant la IIe armée, énervé, envoie à Espinasse, commandant le 15e corps, le message suivant :

 

"L'opération sur Lagarde fut organisée entièrement par l'Etat-Major de la 2e DC sans m'en référer. Je l'aurais interdite. Je ne l'appris que le 10 août vers 22h par un compte-rendu téléphonique reçu par mon chef d'Etat-Major.

Je donnais aussitôt l'ordre de replier immédiatement les deux bataillons ainsi lancés en avant. Je pris moi-même le téléphone pour confirmer les instructions et mon chef d'Etat-Major me supplia d'accorder un délai pour deux motifs.

En premier lieu les troupes entrées à Lagarde étaient exténuées et hors d'état d'enreprendre une nouvelle marche de nuit de trois heures environ. Elles venaient à peine d'achever leur installation et commençaient à se reposer. Ensuite un repli immédiat, après ce succès, les atteindrait dans leur moral.

J'eus le tort d'accéder à cette demande, ce que je ne fis d'ailleurs que parce qu'on m'assura que les précautions les plus minutieuses étaient prises. Bref, j'accordais le delai demandé mais sous la condition expresse que le repli commençât le 11 à 4h, dernière limite.

Vous savez que cet ordre na pas été exécuté puisqu'à 8h le mouvement n'était même pas amorcé et que l'attaque commença vers 9h. Je ne me suis jamais pardonné cette concession."

 

Le commandant Bertrand, comprenant la gravité de la situation, se rend, accompagné du sous-lieutenant Rasias, au PC du lieutenant-colonel Oddon.

Les sections de la 8ème compagnie font face et bloquent l’attaque allemande par un feu nourri très meurtrier. Refroidis, les Chasseurs optent alors pour une progression lente par infiltrations, par bonds successifs protégés par des feux de salves.

 

 

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La relation allemande de la bataille dit que les soldats rampent en se cachant derrière des gerbes de blé et qu’un groupe avance, sur la route de Bourdonnay et dans ses fossés, dissimulé derrière un char chargés de gerbes.

 

 

Le commandant Bertrand fait un tour des postes. Il se veut rassurant : ″ ce n’est rien de sérieux, ils n’ont pas attaqué à la pointe du jour ″, mais le croit-il vraiment ?

Il donne des ordres pour que la quatrième section de la 5ème compagnie du lieutenant Davet rejoigne ses postes de combat et envoie la section Haas dans les vergers du Nord, à la droite de la 10ème compagnie du 58ème.

Les choses se gâtent, des hommes tombent.

 

 

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Le ″ Pont-passerelle ouest ″ est particulièrement visé par les Allemands qui ne veulent pas laisser la moindre issue et qui vont finir par le détruire, le capitaine Roubineau en retire les 10 hommes du sergent Marcel et, se joignant à eux, se poste en arrière dans la rue remontant vers la Mairie.

La quatrième section du lieutenant Trives est mise en réserve dans les maisons en arrière du pont.

Le combat s’intensifie.

 

 

Gesprengte_Kanalbruck_bei_Lagarde_1914.jpg

 

 

Les Chasseurs bavarois tentent, une nouvelle fois, de passer le ruisseau Châtraine mais sont une nouvelle fois, repoussés par la 8ème compagnie. La section de mitrailleuses et la 6ème compagnie bloquent, pour l’instant, les troupes sorties du Bois de la Garenne.

Les Français tiennent bon mais ils commencent à manquer de munitions. On n’en a pas emportées suffisamment à la 8ème qu’il faut vite renforcer en hommes et réapprovisionner car le 138ème allemand, jusque là tenu en réserve, dévale depuis la côte 273 dans le même axe que les Chasseurs.

 

 

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Que devient le 19ème RA qui la veille a participé à l’action victorieuse ?

A 3 heures du matin, deux des batteries de 75 du commandant Adeler, la 1ère et la 3ème, ont rejoint les emplacements prévus mais ne se sont pas mises en position.

 

A 5 heures 30, ″ tout le monde somnole sur place ″

" Vers 8 h 30, le Maréchal des Logis Lavergne arrive [ à cheval] , porteur d'ordres enjoignant d'occuper les positions reconnues car un fort détachement ennemi s'avance par le Nord-est, ces ordres précisent aussi que la 1ère batterie doit contrebattre l'artillerie, la 3ème tirer sur l'infanterie. Personne ne semble comprendre qu'il y a urgence. On imagine probablement n'avoir affaire qu'à quelques éclaireurs ennemis! ″

 

19è RAC batterie.jpg

 

 

La manoeuvre d'encerclement de l'infanterie prussienne se poursuit. A présent les pièces allemandes bombardent le village. Des flammes s'élèvent des toitures des maisons.

 

Soudain, un groupe ennemi se démasque à 600 mètres du 58e et se porte en courant sur la droite où il se terre aussitôt.

 

Les obus d'une salve d'artillerie explosent dans un bruit assourdissant. Leurs shrapnells s'abattent tel un orage de grêle, causant des ravages énormes. Cependant la riposte acharnée du 58e RI semble contenir l'attaque allemande. Les deux régiments de Uhlans chargent alors et se font massacrer.

 

 

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10h, au sud, le 138e RI allemand débouche du bois de la Garenne et progresse lentement dans les cultures. La section des mitrailleuses, la 6e compagnie et la 4e section Michel de la 8e ont réussi à le fixer à 600 m. Le 138e RI pénètre par l'entrée est de Lagarde, une autre partie passe par la Tuilerie en direction du 2e BCP. Une canonnade s'abat sur la route Vaucourt-Xousse.

 

A peine avions nous un peu avancé, que nous reçûmes déjà un feu d'infanterie de la part de l'ennemi... Un ordre fut lancé :

"En position - Commencez par avancer en sections"... Des bonds - feu - des bonds - maintenant l'ennemi fléchit.

De notre côté, le tir des mitrailleuses avait déjà commencé depuis longtemps. Bientôt, notre propre artillerie se mit de la partie, alors que celle de l'ennemi s'était déjà manifestée auparavant. Notre propre tir d'artillerie, violent et efficace, soutenait le déplacement et les bonds furent exécutés lorsque les mitrailleuses tiraient.

En avançant plus loin, nous dépassâmes la position abandonnée par l'ennemi près de la route conduisant au village. Comme nous attaquions parallèlement au canal de la Marne au Rhin, nous dûmes rester allongés un petit moment jusqu'à ce que l'entrée du village, prise d'assaut par le 138e RI et le 2 b.Jager. Btl, soit entre nos mains.

Maintenant, nous arrivons dans le village défendu avec acharnement par l'ennemi. Depuis les caves, les fenêtres et les lucarnes des toits, des tirs de mitrailleuses et de fusils s'abattaient sur nous. Mais la vive résistance de l'ennemi fut brisée par notre avance impétueuse. Crosses, baïonnettes et interventions sans ménagement de nos troupes amenèrent l'ennemi à fuir précipitamment, poursuivi par notre cavalerie...

Ma compagnie se regroupa aussitôt près du canal pour marcher vers l'entrée du village, là même où eut lieu le premier rassemblement après la bataille. Les groupes prenaient leur place comme toujours, et les vides nous rappelaient la chanson relative au camarade.

 

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A 10h45, à l'ouest du village, le 19e RA est anéanti et quelques minutes après, le 3e bataillon du 58e RI décimé, reçoit l'ordre de se replier. La 9e compagnie débordée ne peut exécuter le repli et se trouve anéantie avant d'avoir pu atteindre le cimetière, les survivants sont faits prisonniers.

 

 

La position de la 11e n'est plus tenable, l'ennemi est toujours invisible et tous ses efforts se portent sur la droite. Quelques hommes se lèvent, ils pivotent aussitôt sur eux-mêmes et s'abattent. Il ne faut pas songer à rester dans le cimetière. Son mur d'enceinte est en grande partie détruit ; toutes les compagnies battent en retraite dans un désarroi général.

 

Des cris qui n'ont plus rien d'humain se font entendre de tous côtés. Le sol est jonché de morts et de blessés, les explosions succèdent aux explosions, les cris d'effroi aux cris d'effroi.

 

 

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dans le village où la situation de deux bataillons, sans être critique, devient préoccupante.

 

Le 40ème et le 58ème se défendent fort bien… jusqu’au moment où les canons français se taisent.

 

Débarrassé de cette menace l’ennemi peut développer son plan dans toute sa simplicité : encercler purement et simplement les troupes aventurées dans une cuvette en cul de sac en lui faisant face au Nord, à l’Est et au Sud, tout en interdisant par l’artillerie l’arrivée de renfort par l’Ouest.

 

Comme le veut la doctrine en cours, des deux côtés de la frontière, la cavalerie se tient prête à forcer la décision, à terminer " le travail ".

 

Ainsi, tandis qu’une partie du Bataillon du 131ème tombe à l’improviste sur nos batteries probablement mal gardées par la 4/12 du 58ème RI et les réduit au silence, l’autre partie se glisse vers l’Ouest en direction du pont de Xures se préparant à boucler la voie de retraite.

 

Les batteries éprouvées par l’artillerie allemande, ayant été enlevées en quelques minutes, les forces engagées dans cette action poursuivent droit devant elles en direction du village et se heurtent alors aux trois sections de la 11ème compagnie du 58ème, couchées face au Nord à cheval sur la route d’Ommeray.

Ces sections, judicieusement disposées, ouvrent le feu, bloquent net l’attaque d’infanterie mais souffrent car elles sont prises sous un déluge de balles et d’obus venant dans leur dos.

 

Soudain les tirs d’artillerie cessent sur ce secteur…La cavalerie allemande impatiente d’agir va entrer en action. Les Uhlans chargent en hurlant , escadron après escadron…bousculant leur propre infanterie…C’est un véritable massacre…Comme au champ de tir les Français alignent leur cible et abattent chevaux et cavaliers….Les hobereaux bavarois vont payer cher leur orgueil, leur mépris du danger et une doctrine d’emploi de leur arme totalement inadaptée

 

 

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A 11h10 environ, l'ordre de retraite parvient au 40e RI ; il est transmis aux fractions de la 5e (Lt Sauzon, Lt Davet et adjudant Viola) en position à la lisière nord ; ces derniers se rallient à leur capitaine à la mairie.

 

La rue est balayée par une grêle de balles et d'obus ; les hommes tombent, nombreux, d'autres se dispersent, s'abritent. On rameute des isolés éperdus. Ils se glissent le long des maisons, dans la grand' rue, vers l'église et la sortie ouest ; ainsi, entre l'église et la mairie, la 5e compagnie est partiellement réunie. Soudain de la sortie ouest débouche en trombe une charge de cavaliers par deux. La 5e compagnie les accueille par un feu à bout portant. La charge est enrayée mais une deuxième suit, arrêtée net : les cavaliers tourbillonnent dans un carnage d'hommes et de chevaux !

 

"Soudain, à l'entrée de Lagarde, mon cheval s'effondre sous moi avec un coup dans le poitrail. Je ne l'ai plus revu non plus. Mes sacoches, ma selle, ma bouteille Thermos, mes objets de toilette, ma cape, du linge que j'avais sur moi, tout au diable.

Je n'ai plus que mon sabre nu et mon revolver ! Avec deux de mes valeureux cavaliers, je m'abrite vite dans une tranchée au-dessus de laquelle sifflent de nombreuses balles. Ensuite, il y a une accalmie. A une certaine distance, je vois mon régiment se rassembler. Puis, à ma grande satisfaction, j'aperçois tout près de moi, ma propre infanterie. Avec mes cavaliers qui étaient passés au nombre de huit environ, je me plaçais aussitôt sous les ordres du capitaine et je participais au reste du combat avec cette compagnie, armé d'un revolver et d'une carabine.…

 

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autre témoignage:

 

 

Le combat à l’arme blanche considéré comme le plus noble est une chose, charger face à des fusils en est une autre. Un carnet de route, saisi quinze jours plus tard à Hénaménil, sur un officier de santé allemand fait prisonnier, témoigne de l'acharnement des combats et de sa colère :

 

"Lagarde était occupée par une brigade mixte (40e et 58e). De notre côté prennent part aux combats deux bataillons de chasseurs bavarois (II/138e et I/131e), les régiments de uhlans bavarois n°1 et 2, le régiment d'artillerie de campagne n°15. L'artillerie avait engagé le combat avec un succès inespéré sans aucune perte. Mais les chasseurs commencent l'attaque par l'Est trop tôt et trop vite.

Cette faute du bataillon II/138e entraîne dans la même erreur le bataillon I/131. Les conséquences furent des pertes énormes de notre côté devant la position trop forte des français (un sous-officier et des hommes du 131e récriminent à côté de moi contre cette conduite insensée). Les uhlans bavarois à leur tour attaquèrent le village, mais ils furent complètement ("ganz" dans le texte) fauchés par les mitrailleuses.

Il y avait des mitrailleuses partout, notamment dans le clocher. Aussi, lorsque ce dernier fût touché, on sentit un fléchissement chez l'ennemi, bien qu'une fusillade intense continuait à pleuvoir des maisons […]

Deux charges successives (1 et 2) de Uhlans sont littéralement couchées par les tirs de l'infanterie. Une relation allemande avoue 75 hommes et 120 chevaux tués et 64 hommes et 13 chevaux blessés. Le témoignage de l’officier Melms du 8ème RA allemand dit :

" [qu’ils étaient] dans le bois du Haut de la Croix lorsque le 1er Uhlans reflua après sa charge "

 

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Devant la poussée de l'ennemi au nord-est et au sud, le 40e RI recule vers le centre du village, se retranche dans des maisons et tente de se replier vers la sortie ouest. C'est un combat de rue atroce ! Les Uhlans foncent, les fantassins s'affrontent au corps à corps, baïonnette au canon. Les Français tentent de fuir vers Xures.

 

Il est impossible de résister. Seul un repli sur la frontière peut sauver les rescapés qui utilisent le fossé qui borde la route.

Quelques chevaux dont les cavaliers ont été désarçonnés s'enfuient dans une course vertigineuse, la crinière hérissée.

Des hommes passent, accrochés à un caisson de munitions, probablement vide, qu'emportent à vive allure, deux chevaux enivrés par le bruit et l'odeur de la poudre.

Le crépitement des mitrailleuses est plus rapproché. Le pont sur le canal est naturellement repéré par les mitrailleurs et les artilleurs ennemis dont la préoccupation dominante est de couper toute retraite. Plusieurs cadavres passent aux trois quarts immergés dans le canal.

 

 

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"Tu aurais dû voir comme les pantalons rouges détalaient dans le désordre le plus complet. Ce fut encore notre cavalerie qui prit les rênes et se chargea de la poursuite."

 

Ceux qui choisissent de retourner vers le village y retrouvent le 40ème et vont encore combattre. Ceux de la 9ème compagnie qui n’ont pas paniqué et sont demeurés à leur poste de combat tentent, à leur tour, de se replier vers le cimetière, ils y sont accueillis par une compagnie allemande qui les encercle et les fait prisonniers.

 

La section de mitrailleuses du 58ème ne quitte pas sa position de combat, elle tire sur tout ce qui passe à sa portée [et certainement sur les Uhlans qui ont cru, à tort, qu’elle était positionnée dans le clocher du village], ses servants tombent l’un après l’autre. Le lieutenant Cenet, chef de section sert à son tour la pièce, aidé par un caporal blessé jusqu’à ce qu’il tombe, lui aussi, mortellement atteint par un obus qui balaye la pièce. Aucune relation française n’évoque cette mitrailleuse soit disant postée dans le clocher.

 

Ainsi, vers 11 heures 30 se termine l’attaque de l’ouest du village.

Le 3ème bataillon du 58ème RI a cessé d’exister.

 

 

"Ils venaient tous vers nous les mains en l'air. Finalement les pauvres gars, qui en partie étaient blessés et gisaient autour de nous, faisaient pitié"

 

Quant aux blessés :

 

"Spectacle pénible.. Il y a des blessés partout et des deux partis. On les porte dans les granges, on les y couche. L'évacuation se fait lentement jusqu'à 2h de la nuit et de nouveaux blessés arrivent sans cesse."

 

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A 11h30, Parroy : Lescot commandant la 2e DC demande des renforts à Colle commandant le 30e corps, il était temps !!! A ce moment, le combat est à peu près terminé. C'est la fin sinon glorieuse du moins honorable du 2e bataillon du 40e RI d'Alès dont une partie est faite prisonnière. Les pertes de part et d'autres sont énormes.

 

Le capitaine Rourissol, de la 9ème compagnie, qui a réussit à s’échapper, regroupe (et cache probablement) autour du Château de Martincourt qui ne sera mystérieusement pas pris pour cible par l’artillerie, ce qui reste du 58ème : 80 hommes qu’il réussira à ramener au régiment dans la nuit. Cela relève de l’exploit ou a une autre explication ! Le lieutenant-colonel Oddon dont on ne sait pas grand-chose de ce qu’il fit…rentra lui aussi avec quelques hommes. Selon toutes apparences ils étaient partis l’un et l’autre avant que le barrage allemand n’interdise l’accès au pont vers Xures enjambant le canal.

 

Du côté de Vaucourt, la 5e compagnie du 2e BCP est surprise à midi par les Allemands poussant leur attaque et débouchant du bois du Tillot. Les "vitriers" 16) de la 10e DC qui ont 37 tués, se rapatrient sur Parroy.

Ainsi finit, entre 13h et 14h, le combat de Lagarde qui a duré sept heures, sous une chaleur accablante. Le village est aux mains des Allemands.

Les blessés sont faits prisonniers et prennent la direction de Bourdonnay. A 2h de l'après-midi, les débris de l'infanterie se replient sur la route longeant le canal. Les rescapés sont harassés de fatigue. C'est la débandade.

 

"La route est couverte de soldats débandés et de voitures d'infirmerie qui fuient. J'en arrête plusieurs, revolver au poing et tâche de remettre un peu d'ordre. En particulier, une voiture de munitions dont les chevaux lancés au galop sont tenaillés à tour de bras par un fantassin fou de peur... Ils s'arrêtent au moment où je presse la détente de mon revolver. »

il va falloir une suite car l'affaire n'est pas encore entendu, demain, vous aurez les liens, j'ai pas 10%

de ce que j'ai lu, pour moi, il serait même important qu'un téléfilm soit mis en oeuvre sur cette bataille

 

vous comprendrez pourquoi avec la suite du reportage :cry:

 

à suivre et bonne lecture

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REPORTAGE: La bataille de Lagarde suite et... presque fin

 

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De l'église à la sortie ouest du village, et particulièrement autour de l'église et au carrefour des routes Xures-Ommeray, la rue est jonchée de cadavres de chevaux, de soldats français et allemands. Les caniveaux ruissellent de sang. L’imagerie populaire allemande, tout en exagérant certainement, nous donne une idée de la violence de l’assaut final.

Pendant les combats les habitants se sont réfugiés dans les caves attendant l'issue. Les soldats allemands n'hésitent pas à tirer dans les soupiraux des maisons lorsqu'il entendent parler en français. Si aucun mort civil n'est à déplorer, il y aurait même eut une naissance, ils ont beaucoup souffert cette journée, apeurés par la canonnade, la fusillade et les charges. Deux Lagardois Auguste Leclère et Joseph Meaux ont même été fusillés, à 3h de l'après midi au Moulin. Leurs cadavres resteront plusieurs heures à même le sol avant d’être enlevés par leur famille respective.

Ils avaient été accusés d’avoir favorisé l’ennemi, ce qui d’ailleurs n’a jamais été prouvé. Cependant, il est certain que des soldats français ont été trouvés dans la grange de la ferme. Est-ce Monsieur Leclère qui les y avait cachés ?

 

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Il existe à la Mairie de Lagarde un dossier historique sur cette affaire :

Quant à la population de Lagarde, elle s’était réfugiée dans les caves et n’eut point de morts à déplorer.

Madame MERCY née MEAUX Marie, alors âgée de huit ans raconte:

« Je me souviens parfaitement de la veille de la bataille. Ce soir-là, c’était un lundi, nous avions assisté ma sœur Armance et moi, à la prière du soir. Mon père était venu nous chercher à la sortie de l’église pour nous ramener à la hâte à la maison. Au cours du trajet qui nous sembla long, une balle est passée à quelques mètres, peut-être quelques centimètres devant nous ».

Sans doute s’agissait-il d’une balle tirée par un Allemand se repliant sur Bourdonnay à l’approche des Français. Arrivés à la maison, nous nous sommes précipités dans notre cave.

Lorsque nous avons tenté de remonter, nous avons aperçu un pantalon rouge. Nous avons pris peur mais une voix nous a rassurés en disant : « Ne craignez rien ! Nous ne voulons pas vous faire de mal ! ».

Pendant la bataille du lendemain, continue Madame MERCY, “nous nous sommes à nouveau réfugiés dans notre cave. Mon frère Charles pleurait car il avait peur du bruit infernal que faisaient les mitrailleuses françaises en position dans la maison forestière, voisine de la nôtre » .

 

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Un détail est resté gravé dans la mémoire de Madame MERCY :

« Un soldat français nommé SABI, je me souviens très bien de son nom dit-elle, avait demandé poliment à ma mère si elle voulait bien accepter de lui faire cuire une poule. Elle a répondu affirmativement avec plaisir. Malheureusement, lorsque le moment de manger la poule est arrivé, l’attaque allemande a chassé les Français du village. C’est un Allemand qui, sans rien demander, a dévoré le repas de notre infortuné fantassin français, ne laissant que la carcasse « pour les enfants » avait-il dit en guise de remerciements ».

En Allemagne cette bataille a un retentissement énorme. De nombreuses gravures et cartes postales relateront cet épisode, illustrant la férocité de l'assaut final.

 

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Pourtant, allant même elle aussi jusqu'à travestir la vérité :

Journée du 11, le gouvernement français communique :

« Dans cette même région, entre Château-Salins et Avricourt, le village de Lagarde, situé en territoire annexé, a été enlevé à la baïonnette avec un élan admirable ; les Allemands ne résistent décidemment pas à l'arme blanche »

La presse française méridionale relaie cette vision :

"Ils mentent ! nos confrères italiens ne se sont pas laissé prendre à ce grossissement intéressé. Au communiqué allemand, tenu pour suspect, ils ont eu soin d'opposer le communiqué français, combien plus sincère. Ils ont été bien inspirés.

A Lagarde, il a pu y avoir un engagement, mais il n'y a pas eu de bataille. Ce qui est certain, c'est que le 15e corps n'a pas pu y prendre part, pour la bonne raison qu'il n'est pas là. Ce sont en effet les troupes en couverture du 20e corps qui occupent toute la région entre Lunéville et la frontière".

Pourtant, L'Illustration, dans son numéro du 15 août 1914, n° 3729, note :

"Jeudi 13 août - "Par contre un échec : deux bataillons français qui s'étaient emparés du village de La Garde en sont chassés par une contre attaque et se retirent à Xures".

Dans celui du 22 août, n° 3730, cet alinéa a disparu ! Anastasie était passée par là. La vérité est toujours la première victime de la guerre. En France, on ne saura rien de Lagarde !

Compte-rendu au GQG. de l'engagement du 11 août à Parroy, Xures, (2ème Armée 59ème Brigade)

« Les deux bataillons envoyés hier soir 10 août par le commandant de la 2ème D.C. à Lagarde ont été attaqués très violemment ce matin par une force évaluée à environ une brigade d'infanterie et trois groupes d'artillerie. Ces bataillons ont été soutenus par deux autres bataillons de la 59ème brigade et un groupe du 19ème d'artillerie. Les troupes d'infanterie ont du céder. Dans cette retraite deux batteries sont tombées aux mains de l'ennemi.

Le Général commandant le 15ème CA a pris d'après mes ordres le commandement des troupes du secteur, y compris la 2ème D.C. Il porte deux brigades et quatre groupes dans la région Serres, Bauzemont pour recueillir s'il y a lieu la 59ème brigade, qui ne paraît pressée. »

 

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Dès que les faits avaient été portés à la connaissance du GQG, on avait retiré, “pour de bon”, son commandement au Général Lescot[1] Le 13 août, avant l’offensive dans l’Est, il était remplacé par le Général Varin

Cette mise à pied provoqua de graves mouvements d’humeur dans son entourage, si l’on en juge par un courrier “vigoureux” adressé par le Colonel Jaguin au Colonel Marillier en réponse à des propos désobligeants.

15ème Corps d'Armée

30ème Division. 59ème Brigade

Au bivouac près XURES le 15 août 1914

Le Colonel JAGUIN du 58ème Régiment d'Infanterie à

Monsieur le Général Commandant la 59ème Brigade d'Infanterie

« J'ai l'honneur de vous rendre compte que dans la journée du 11 août un Lieutenant de l'Etat-major de la 2ème Division de Cavalerie qu'on m'a dit être le Lieutenant Antoinat était venu me donner des ordres pour l'occupation de la position de la Fourrasse et de l'organisation du commandement en ce point.

"Je parle ici au nom du Général Commandant la Division de Cavalerie et déclare que le régiment n'a pas fait ce qu'il devait faire, qu'il a manqué au devoir militaire en ne tenant pas sur ses positions. Que le temps des discours d'Avignon (sic) était terminé et que la seule façon de laver la faute était de se sacrifier ici, que les Provençaux avaient prouvé ce qu'ils étaient.

Sur votre conseil je ne vous ai pas transmis de réclamation. Hier, 14 août, le Capitaine Callies du 19ème d'Artillerie m'a déclaré, en me disant de faire état de ce qu'il me rapportait, que ce même lieutenant lui avait dit, personnellement, que le régiment était déshonoré après l'affaire du 11 août.

Le Capitaine lui défendit de continuer son injure et lui déclara qu'il avait vu le 58ème à l'action et avait admiré son héroïsme. Devant la double accusation du Lieutenant Antoinat qui a répandu son jugement autour de lui (je le sais de bonne source) je demande pour l'honneur du Régiment qui a laissé sur le carreau 800 à 900 hommes, que l'affront soit réparé. »

JAGUIN

une partie des problèmes que va, par la suite, rencontrer le 15ème CA, pendant toute la guerre vient des " rancœurs " entre officiers engendrées ce jour là. Qu’on en juge.

Le 13 décembre 1914 le lieutenant-colonel Tantot répondit par écrit à une " demande d’enquête sur l’affaire de Lagarde dans laquelle des militaires du 40ème RI sont tombés aux mains de l’ennemi " le courrier suivant :

" Combat de Lagarde 11 août 1914

Un seul bataillon du 40ème RI a été engagé dans ce combat.

2 officiers blessés (Lieutenant-colonel Tantot et Lieutenant Bosquier) et 25 hommes seulement sont revenus.

Il est certain, d’après tous les renseignements recueillis auprès des deux officiers revenus, d’après les comptes rendus de cette journée, que la lutte a été extrêmement ardente. Aucune faiblesse ne s’est produite et tous les militaires du 40ème tombés aux mains de l’ennemi, ce jour là avaient été tués ou blessés.

Il résulte de ces faits qu’il n’y a pas lieu de prévoir d’enquête ultérieure au sujet de cette affaire. «

En lisant les rapports Callies et Oddon, on s'étonne du peu d'informations concernant les pertes humaines. Ils précisent, certes, " que le détail en est donné sur les états des unités ", mais comme ces " états de pertes " n'ont pas été remplis séparément, et couvrent des périodes plus larges que celle que nous étudions, nous n'avons pu établir de chiffres qu'en recoupant avec des renseignements provenant des " ambulances " et des postes de secours, les travaux de Maurice Mistre et Guilhem Laurent sur les morts du 15ème CA en août 14, et tout récemment, les travaux du groupe mplf.provence14-18 qui mettent un terme aux incertitudes sur les morts pour la France des " Régiment du Midi pendant toute la durée de la guerre ".

bilan terrible!

2047 hommes hors de combat : 528 tués, 1519 blessés ou prisonniers, un important matériel dont 2 batteries du 19ème RA perdues et 4 mitrailleuses. Et ceci alors même que les recommandations du général de Castelnau étaient d'éviter les engagements inutiles dans la période de mise en place des troupes et que la possession ou non de ce village, à ce moment de la guerre, ne revêtait absolument aucun intérêt stratégique.

On y ajoutera 2 civils fusillés (Monsieur Leclère et Edmond Durand)

 

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Les pertes allemandes ne peuvent faire l’objet d’une étude sérieuse…elles sont, à l’évidence, minorées. Donnons quand même les chiffres en les sortant du brouillard dans lequel ils sont habilement noyés:

pour la Cavalerie de 106 morts et 88 blessés ce qui ne correspond en rien à ce que dit l’officier cité par J. Didier

L’infanterie perd 198 morts et 237 blessés (ce qui ne correspond pas vraiment aux proportions 3 blessés pour 1 tué habituellement admises) auxquels il faut ajouter 106 cavaliers tués et 88 blessés.

 

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Au total un terrible bilan pour une opération qui, tant d’un côté que de l’autre, ne trouve d’explication que dans le manque de discernement et de respect des vies humaines des EM.

L’avenir montra qu’il s’agissait bien de cela.

Les Allemands eux-mêmes, décomptant les pertes iront jusqu'à affirmer :

"Une estimation des pertes basée sur les nombres portés sur les tombes fait ressortir que sur les champs de bataille de Lorraine, les pertes françaises sont au moins doubles des pertes allemandes... tout autre est la proportion des morts allemands et français sur le champ de bataille de Lagarde".

 

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le premier drapeau pris de cette guerre

Conclusion extraite de www.provence114-18.org et qui résume le mieux le fait d’armes

Conclusion :

Avant de conclure nous formulerons quelques remarques sur le déroulement des opérations, mais n’étant pas militaire de profession, encore moins spécialiste en stratégie, nous nous garderons d’émettre un jugement péremptoire sur la façon dont les troupes françaises ont été employées. Cependant nous ne pouvons pas ne pas remarquer que les mitrailleuses placées là où l’on nous dit qu’elles étaient, n’ont pas joué à plein leur rôle, même si elles ont fait des ravages dans les rangs allemands. Elles eussent pu être encore plus meurtrières, placées à couvert, dans une maison par exemple, donc invisibles aux observateurs, au lieu d’être entourées d’une infanterie qui a beaucoup souffert de l’artillerie qui les cherchait.

Nous ne pouvons pas non plus ne pas remarquer que l’artillerie française ne s’est pas comportée de façon très professionnelle…emplacements mal choisis, sur un sol humide instable, mise en position très lente, défilement trop grand, incapacité à contrer l’artillerie adverse, (ce que Callies eût pu faire avec un peu plus de courage et de talent), au lieu que l’artillerie allemande, et particulièrement les 105, rompue aux exercices de contrebatteries, n’a pas hésité, comme elle savait le faire, à prendre le risque de venir à découvert pour tirer à vue…avec le succès que l’on sait.

Cette affaire de Lagarde que les Allemands considèrent comme un jour noir pour leur cavalerie mérite, à plus d’un titre, qu’on s’y arrête.

La leçon n’a pas été comprise par le Commandement français qui n’a pas voulu voir que les mitrailleuses françaises comme les allemandes avaient fait de terribles dégâts. Il n’a pas non plus voulu voir que la cavalerie allemande avait été défaite, massacrée et qu’il en serait de même de la cavalerie française si elle s’aventurait à opérer de la même manière. Il n’a surtout pas voulu comprendre qu’il tombait dans un piège, que l’ennemi l’attirait sur un terrain choisi, préparé et quadrillé pour que l’artillerie lourde cogne sans réglage à chaque passage de crête.

Plus grave encore, pour échapper à la responsabilité d’avoir mis des soldats dans un traquenard, il a laissé dire que le 58ème avait lâché prise…ce qui n’est pas vrai !

Un démenti vigoureux, formulé immédiatement, et au plus haut niveau, à commencer par le lieutenant-colonel Marillier, aurait probablement évité l’affaire du 15ème CA et ses conséquences terribles pour les soldats méridionaux. Certes le général de Castelnau a sanctionné le général Lescot mais, lui-même, quelques jours plus tard, signait cet ordre du jour :

" L’ennemi est en pleine retraite sur tout le front de l’Armée. Ce n’est plus le moment de pratiquer la guerre méthodique et circonspecte. Toutes les audaces sont permises. En avant partout "

Bel exemple d’aveuglement.

Dix jours plus tard, après les défaites dans l’Est, la presse parisienne, Action Française en tête, s’acharnait honteusement sur " les Méridionaux ".

 

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lecture possible:

 

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mes liens, très peux mais j'ai rarement vu plus complet:

 

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Des remerciements prononcés plus particulièrement à Monique B, webmaster du blog: lesmidi.canalblog.com

qui m'a fournit autorisation de puiser des données dont vous profitez maintenant, blog très complet au demeurant

une petite visite ne vous ennuiera pas ;)

les liens sont très complets, tous, mais faut des jours pour tout lire mais restent une mine d'informations énormes et méconnu

un hommage par ses faits pour ses hommes, allemands et français, morts pour la folie d'autres hommes, pleins d'étoiles ceux là

bonne lecture

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Nous sommes le 14 août 1914

 

les forts de Liège tombent un par un mais les belges résistent encore et freinent le plan des allemands

 

en France, des escarmouches puis des batailles en Alsace comme en Lorraine et surtout, ne pas oublié que nos piou pious

étaient, il y a pas deux semaines encore à moissonner, aujourd'hui, ils sont dans une région de France où ils ne connaissent

même pas la langue

 

pourtant, une bonne nouvelle, les anglais débarquent enfin, à Dieppe, à Boulogne sur mer, à Rouen

un aperçue en images:

 

 

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je vais maintenant préparer la nouvelle période, celle du 14 août au 22 août 1914

c'est carrément le tournant de cette guerre qui se décide

 

PS: j'aimerai savoir si mes reportages sont à améliorés, plus dense en écriture ou plus court, plus d'images, plus de cartes?

dites moi svp

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Invité §pie367dg

Pour moi de même, cela me parait bien et compréhensible, surtout au sujet

d'évènements pratiquement inconnus.

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je vous remercie de vos réponses, j'avais peur que cela soit trop lourd

 

je vais essayé de faire un témoignage avant de lancer le gros morceaux; une série de batailles quasi inconnues mais qui décideront pourtant du tournant de cette guerre.

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Invité §pie367dg

je vous remercie de vos réponses, j'avais peur que cela soit trop lourd

 

je vais essayé de faire un témoignage avant de lancer le gros morceaux; une série de batailles quasi inconnues mais qui décideront pourtant du tournant de cette guerre.

 

 

Mais c'est trés bien les batailles inconnues, cela permet de se rendre compte que

la guerre 14/18 n'a pas commencé par la " bataille de la Marne ".

Je le trouve mieux ton nouvel avatar ( même si je préfèrerais un seul lion noir sur

fond jaune ;) )

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Un truc sympa à vous faire voir

 

j'ai reçu d'un ami de comptoir de village, un petit paquet en lien avec sa famille; photos, lettres, médailles et d'autres trucs...

 

il sait que je vais poster ici les documents, cela même que je vais scanner et mettre en disque cd pour sa famille

 

je suis comme vous, c'est la première fois que je vois ses documents

 

 

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les lettres sont particulièrement émouvantes et d'un écriture très serré qui fait dire que le papier était rare

cette lettre a 99 ans et il y en a plusieurs

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non, il est prévu que je lui rende, je mettrai les cd dans le lot

 

je lui est dit qu'il serait bien que le tout soit remis à la bibliothèque nationale, à la cri

 

dès que j'aurai scanner les lettres, je vous en ferai profiter car elles sont à demi-effacées et d'écriture très petite

 

j'aimerai qu'on me réponde sur la médaille de 1970, c'est son ancêtre qui était dragon, j'attend aussi des photos

 

de mon coté, j'espère retrouver le cahier de guerre d'un artilleur sur

Verdun, début 1915 aussi, que j'avais aussi en ma pocession

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ouais, c'est ça

 

médaille militaire pour combattant:

 

La médaille militaire a été créée par décret du 22 janvier 1852, par Louis Napoléon Bonaparte, à l'époque encore président de la IIème République. Un autre décret du 29 février 1852 en fixera les principales règles d'attribution et les caractéristiques de cette médailles évolueront au fil du temps et surtout, des régimes politiques. A quelque époque que ce soit, la médaille militaire restera destinée à récompenser les combattants.

Avec la chute de l'Empire et l'instauration de la IIIème République, la médaille, telle que celle décernée à M.Enjalbert est largement modifiée. Elle perd l'aigle impérial remplacé par un "trophée d'armes" avec cuirasse, canons, ancre de marine, fusil, hache, sabre et baïonnette. Dans le médaillon cerclé de la couronne de lauriers et bordé d'émail bleu; sur une face, l'effigie de Napoléon III disparaît et est remplacée par celle de la IIIème République sous les traits de la déesse Ceres, avec la mention "République Française - 1870". Sur l'autre face du médaillon, la devise " valeur et discipline" est conservée telle qu'à l'origine ainsi que les couleurs du ruban, jaune et or avec bords vert clair.

L'aspect uniface du "trophée d'armes" initialement bi-face, date cette médaille de la période entre les années 1878 et 1911 où elle fut simplifiée. Bon nombre de combattants de la guerre de 1870 ne furent en effet décorés que bien après cette guerre.

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Invité §pie367dg

Trés bien cette médaille militaire de 1870, je ne savais pas que cela était aussi vieux , à ce sujet , mais je serai HS, il y a quelques années j'ai assisté à

des obsèques et dans le cimetière j'avais remarqué un carré avec une sorte de stèle aux morts de 1870, je n'avais encore jamais remarqué ce genre de

chose auparavant.

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voici le nouveau reportage et comme il y aura des suivant aussi lourd à écrire, à lire comme à comprendre, je souhaite fournir un avertissement pour la compréhension

 

nous entrons de le processus que les historiens appellent,"La Bataille de Frontières" Bataille sans un "S" alors qu'il en fut des dizaines de ses batailles. Chacune toutes

plus au moins sanglante pour les protagonistes: Allemands, Belges, Anglais et français.

 

cette bataille est inscrite dans un ensemble géographique commençant de Mulhouse et remontant jusqu'au front non stabilisé de Belgique, d'ailleurs, les derniers forts de Liège vont tombés au moment du commencement des premières attaques, les anglais ont débarqués et se dirigent vers la région de Maubeuge, tout est en place à partir du 14 août et je ferai terminé au 23 août

comme le souligne si bien Pierlo, la grande guerre commence avec la bataille de la Marne dans notre sub-conscient, alors, question: Que c'est il passé entre le 4 août et le 4 septembre?

ma base de travail sont comme d'habitude, les sites Web, mais là, j'ai pris un appuie sur la meilleur écriture qui soit, mieux, je pense c'est l'EXPERT, c'est le livre à avoir dans sa bibliothèque pour en savoir plus sur cette période. c'est aussi un condensé d'un autre livre épuisé à la vente qui est carrément la bible de cette période.

" de nos jours, le passé récent s'efface si vite que la guerre de Troie est mieux connue que celle de 1914" jean Guitton

 

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REPORTAGE: La guerre des Frontières

 

 

Seconde incursion à Mulhouse

 

On se rappelle que le 10 août, les Français se sont retirés

Les autorités civiles font enlever les morts de la bataille d'hier au Rebberg et à Modenheim.

 

Dans la journée, les troupes allemandes entrent en ville. Ils arrêtent les pères rédemptoristes à Riedisheim, parce qu'ils soignent les blessés français.

 

Le soir, il n'y a ni gaz, ni électricité en ville. Sous le prétexte qu'on a tiré sur eux, les Allemands tirent à tort et à travers sur les façades et dans les fenêtres des maisons et, dans certains quartiers, forcent les gens à sortir dans la rue, où ils sont obligés de passer la nuit. Ils défendent de prier à ceux qui s'agenouillent dans ce but.

 

 

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Le 11, Les rues sont barrées et gardées par des sentinelles allemandes, car on perquisitionne dans les maisons pour y chercher des soldats français cachés. Les magasins restent fermés. On confisque les armes chez les particuliers.

 

Le 12, Les troupes sont cantonnées au Rebberg et s'y livrent à des exactions.

Les Allemands procèdent à l'arrestation des citoyens français domiciliés à Mulhouse, parmi lesquels nous citerons MM. Alliston-Weiss, Paul Chambaud, Albert Engel fils, Gustave Favre, Alf. de Glehn, Henri Juillard-Weiss, Jules Kuneyl, Lucien Mégnin, Albert Laederich, Ernest Risler, Frédéric Thyss, etc. Ils sont dirigés sur Rastatt et ensuite internés en Allemagne. Plus tard, on les évacua en Suisse.

 

 

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Le 13, L'autorité militaire interdit la sonnerie des cloches, quelque soit le motif.

 

Le 14, Le maire, M. Cossmann, fait une enquête sur les événements du 10 courant, et promet une prime de 1000 Mark à celui qui indiquerait qui a tiré sur la troupe.

Les blessés de la dernière bataille sont évacués par chemin de fer.

 

C’est ce même jour que la seconde offensive en Alsace (et sur toute la ligne de front de France et de Belgique), commence.

 

 

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Afin de pouvoir agir avec plus de sécurité, nos troupes opérant en Lorraine avaient besoin d'être sérieusement couvertes en direction du Sud par l'occupation des points de passage du Rhin, de Huningue à Neufbrisach.

 

Cette mission de flanc garde, non réalisée par le détachement d'armée Bonneau, ne pouvait être abandonnée sans danger. L'occupation du Sundgau nous était nécessaire, car des colonnes ennemies débouchant par là mettraient en péril notre 10e Armée.

 

 

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Dés le 10 août, le général Joffre ordonnait la constitution d'une armée plus importante, qui rétablirait la situation en Haute-Alsace, et qui serait confiée au général Pau, le plus populaire de nos généraux.

 

Le général Pau prit pour chef d'état-major le lieutenant-colonel Buat, officier supérieur unanimement apprécié. L'effectif devait être porté à 115000 combattants.

son opposant allemand était le général Geade

 

 

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Deux batteries lourdes furent improvisées et mises à la disposition du général Pau, qui reçut en outre les cinq groupes alpins de la XIVe région, rattachés pour ordre au 7e C. A.

 

La gauche de l'armée du général Pau (véritable aile droite de notre 1e Armée) fut, en conséquence, composée d'éléments particulièrement solides et entraînés: les cinq groupes alpins de la XIV région commandés par le général Bataille.

 

Le général Pau les engagea même avant d'avoir achevé la formation de son armée. Ces groupes, qui débarquaient le 12 août dans la région Remiremont Gérardmer-Saint-Maurice, furent immédiatement affectés à la garde de la crête des Vosges, du ballon de Servance jusqu'au col de la Schlucht.

 

 

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Dés le 14 août, le 28e bataillon reçut l'ordre de descendre sur Massevaux et Lawv, pour éclairer la 41e division. Commandé par le lieutenant colonel Brissaud-Desmaillet, ce bataillon arriva sans encombres à Massevaux vers midi, et repartit sur Rodern. Sa marche était surveillée par quatre cavaliers ennemis du 14e dragons. Le lieutenant Ayme, reconnaissant soudain des ennemis, tua d'un coup de feu le sous-officier, chef de patrouille. Les trois autres cavaliers prirent la fuite.

 

Pendant ce temps, les 12e et 22e bataillons descendaient de Bussang sur Thann. Ils entrèrent dans Thann à sept heures du soir, les Bavarois ayant précipitamment évacué la ville.

Le 30e bataillon du lieutenant-colonel Goybet descendait du Hohneck et menait l'attaque en en direction de Munster. Le 13e bataillon restait en réserve de la 81e brigade, à laquelle il était provisoirement rattaché.

 

 

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Le 15 août, les groupes alpins qui avaient mené ces trois offensives divergentes se reconstituèrent en deux groupements.

Cette couverture de gauche était assez solide pour que l'offensive en Haute Alsace fût déclenchée.

 

Notre droite, appuyée sur le canal du Rhône au Rhin, était forte de deux divisions, la 66è et la 44è

Le 7e Corps d'Armée se trouvait à cheval sur la route de Belfort à Mulhouse, assignée comme axe de mouvement.

 

A l'extrême gauche, deux autres divisions, la 58e et la 4e, devaient marcher en liaison avec les groupements alpins, dont l'axe de mouvement serait Sentheim Aspach Wittelsheim.

 

 

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La progression sur Mulhouse devait se faire, cette fois, en quatre bonds successifs, jalonnés au centre par Soppe, Burnhaupt et Heimsbrunn.

 

Le 16 août l'Armée d'Alsace passait à l'attaque. Elle atteignait facilement le front Buettwiller Guewenheim Burbach. Surpris, les Allemands se retirèrent en désordre vers le Nord et vers l'Est, abandonnant munitions, vivres et matériel. Seule, la possession de Danemarie fut chèrement disputée.

 

 

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Le 17 août, l'ennemi hâta sa retraite vers la Haute Alsace. Nous enlevions Munster par une manœuvre habile au sud de la ville : l'ennemi fuyait vers Turckheim.

 

Le 18 août, tout le terrain était balayé au sud des Vosges, et jusqu'au Donon. L'Armée d'Alsace tenait le front Tagsdorf Oberinorschwiller Zillisheim Hochstatt Niedermorschwiller Reiningén Wittelsheim.

 

Au soir de ce jour, le général Pau donnait à ses troupes l'ordre d'attaquer, pour enlever Mulhouse, la ligne de l'Ill, autour de laquelle s'étaient regroupées les forces ennemies. L'aile gauche avait mission de se redresser vers le Nord, en direction de Colmar et de Neufbrisach, l'aile droite devait se porter sur Altkirch.

La bataille générale fut ainsi livrée du 19 au 22 août.

 

Le 19 août, la matinée s’annonce radieuse. Les Français prennent la route à 5 heures. « C’est une simple marche militaire par un temps idéal, par un temps enchanteur, à travers des villages fleuris regorgeant de jolies filles. Les colonnes par quatre s’allongent sur des kilomètres et des kilomètres et s’avancent allègrement », se souvient le général Humbert, à l’époque sous-lieutenant au 97e régiment d’infanterie alpine.

 

Le choc se produira à Dornach, Brunstatt, Flaxlanden et Tagsdorf. La 66e division de réserve avance sur la rive gauche du canal. Les 5e et 6e escadrons du 19e Dragons commandé par le Lieutenant Colonel TOUVET reçu ses ordres : couvrir et éclairer le front, veiller à la protection du flan sud et assurer la liaison avec le 44e Division.

 

 

 

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A Dornach …

 

Allemands et Français se retrouvent nez à nez à Dornach, La bataille de Dornach s'engage.

 

C'est dans ce nouveau faubourg de Mulhouse, où se trouvent des villas, des jardins, des murs, des haies, que la résistance allemande à l'attaque française est la plus intense.

 

Pour ralentir l'avance française, les Allemands tendent des fils électrifiés. L'artillerie française envoie un grand nombre d'obus sur les maisons de Dornach pour soutenir l'avancée de son infanterie.

 

 

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La 14e division dut livrer un assaut en règle, dans lequel se distinguèrent les 35e, 42e, 44e et 60e régiments d’infanterie, ainsi que les sapeurs du 4e génie.

 

 

soldats du 60è.jpg

 

Six pièces de 77 furent prises à la baïonnette par le 42e régiment d’infanterie. Les Badois subirent des pertes cruelles.

 

 

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La 8e division de cavalerie fait reculer les Allemands jusqu'à Ensisheim, à 20 kilomètres au nord de Mulhouse.

 

Vers 17 heures, les troupes françaises prennent possession de Mulhouse.

 

On relève alors des centaines de morts et de blessés des deux côtés. Les troupes françaises font un millier de prisonniers.

 

les Français entrent en ville. Une heure après, ils mettent en état d'arrestation le maire Cossmann et une série de civils allemands, dénonciateurs connus pour la plupart ou fonctionnaires, et vont délivrer les pères rédemptoristes mis en prison.

M. Alfred Wolff, adjoint, fait fonctions de maire.

 

A droite du 7e Corps, l’attaque de Mulhouse fut bordée par la 66e division, dont l’objectif était Brunstatt, sur l’Ill, et à l’extrême droite par la 44e division qui se rabattait sur Altkirch. Ces deux divisions maîtrisèrent toutes les réactions ennemies et atteignirent leurs objectifs.

 

Témoignage d'un piou piou:

 

 

Bataille de Dornach 19 août 1914

Partons à 5 heures du matin en direction de Mulhouse , nous prenons position de batterie au bord de la route . Je ravitaille avec mon caisson une pièce qui tirait sur les maisons à 10 mètres de distance .

Il y avait dans le fossé une batterie boche complètement hors de combat avec ses officiers et ses servants morts ou blessés . Dans les jardins et vergers , un certain nombre de nos fantassins étaient morts avec leurs pantalons rouges , ils étaient facilement repèrables .

Nous avons fais 1000 à 1200 prisonniers . J'ai vu notament un fantassin du 42 ième de ligne qui blessé , la poitrine traversée par une balle , venir s'appuyer contre un mur et se plaindre en appelant sa mère , le soir vers 5 heures je suis revenu au même endroit et j'ai apperçu le même soldat mais il était mort . Nous avons trversé Dornach -Mulhouse , les Alsaciens nous donnaient à boire ( bière -limonade ) et nous cantonons sur une place près d'une école .

 

À Brunstatt, le 19e Dragons commandé par le Lieutenant Colonel TOUVET reçu ses ordres : couvrir et éclairer le front, veiller à la protection du flan sud et assurer la liaison avec le 44e Division.

 

 

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Les Dragons sont accueillis par des coups de fusils aux abords du pont levis de Zillisheim, qui leur causent les premiers blessés. Les deux escadrons reprennent la marche pour traverser le canal plus haut. Le pont de Brunstatt est libre, il est 7 h, les dernières brumes se dissipent les cavaliers traverse Brunstatt sous l’admiration de quelques habitants qui leur signale la présence des allemands aux abords du village.

 

Des éclaireurs se répartissent aux croisements des rues. Trois cavaliers allemands sont aperçus à la sortie du village mais ils ne sont pas inquiété par les quelques coups de fusil des dragons. Un ancien caporal clairon des Zouaves attire l’attention des dragons sur la présence des allemandes a la sortie du village.

 

Deux éclaireurs s’avance dans la rue de Bruebach. Arrivée à la hauteur du cimetière, ils s’arrêtent et discutent à haute voix sous le regard de deux bataillons allemand embusqué de part et d’autre de la chaussée. Les deux cavaliers rebroussent chemin pour rendre compte, en passant devant la première maison, un volet s’ouvre légèrement et indique la position de allemands à 20 m sur leur flan, deux coups de feux retentissent, un cavalier est touché.

 

 

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Soutenu par son camarade ils se replient vers le carrefour. L’alerte est donnée. Les dragons avaient rangé leurs chevaux, ils entament la progression à pied en deux collonnes longeant les maisons, un officier à cheval commande la manœuvre, quelques coup de feux partent. Les allemands restent invisibles

 

Le Lieutenant Colonel TOUVET arrive, informé du danger il décide de forcer la sortie du village. Avec le 6e escadron il s’élance sabre au clair après avoir déclaré : « En avant pour la France » en colonne par quatre. Les cavaliers quelque peu éblouis par le soleil se dirigent vers la sortie du village.

 

A 20 m de leur position les allemands déclenche un violent tir de barrage avec leurs puissantes mitrailleuses. En un instant les dragons sont fauchés à bout portant. Le guet-apens soigneusement monté a raison de 25 cavaliers dont le Lieutenant Colonel TOUVET et le capitaine HAYEN foudroyés à la tète de l’escadron. 20 autres cavaliers sont bléssés dont le capitaine de MASOL et le Lieutenant BOYER. Les dragons se replient et l’infanterie allemande occupe le village et l’artillerie française pilonne Brunstatt avec leur 75.

 

 

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photo d'époque

 

Avec une distance particulièrement favorable toute les positions allemandes sont pilonnées et leurs pièce d’artilleries détruite les unes après les autres. La supériorité et la précision de l’artillerie a permis aux Français de prendre l’avantage, mais la 66e et la 44e division d’infanterie sont très éprouvées.

 

Dans l’après midi le 35e et 42e RI venant de Morschwiller le bas entrent dans Mulhouse. Ce succès permet à l’artillerie de porter secours à la 66e division dont le 97e régiment d’infanterie alpine est en mauvaise posture depuis 11h du matin sur la côte 305 un éperon abrupt aux flancs boisés en forme de fer à cheval, au fond un étroit défilé donne accès à Flaxlanden depuis Zillisheim.

 

 

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La déroute du 97e sans artillerie entraîne celle du 253e RI dans Flaxlanden. A 19 heures après le travail de l’artillerie française, le 281e est maître de la côte 305, aura perdu 5 hommes dans la journée et compte 18 blessés.

 

Le 159e RI perd son général dans cette bataille, général Plessier est le premier général français mort au champ d’honneur en 1914, pour le 97e RI : 14 officiers tués et 14 blessés, 600 hommes tués et 427 blessés.

 

 

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Le bilan officiel allemand, le détachement d’armée du général Gaede a perdu, durant la journée du 19 août, 24 canons et 2300 hommes, tués ou prisonniers.

 

Le 21 août, le 215e régiment d'infanterie s'installait à Heinsbrunn, et le 343e régiment d'infanterie à Galfingen ; ces villages étaient mis aussitôt en état de défense.

La mission de la 66e division était remplie

 

 

Plus au nord, c’est la direction de Colmar, la 44e division, qui couvrait notre flanc, était violemment prise à partie par une division allemande, venue de la rive droite du Rhin. Après un âpre combat, l'ennemi était rejeté, et sur le carnet d'un officier allemand on lisait quelques jours plus tard les lignes suivantes :

« Notre infanterie est écrasée ; batteries et fantassins fuient en désordre, suivis du général von Bodungen qui marche à pied derrière ses troupes battues et désemparées... »

 

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La 41e division refoulait l'adversaire sur Emlingen et sur Tagolsheim, puis se rabattait sur AAltkirch. Devant cette place, le général Plessier était mortellement frappé, à la tête de la 88e brigade. Ses troupes s'emparèrent de la ville au prix de gros sacrifices.

La 44e division fut alors relevée par la 57e, dont les régiments purent occuper en toute sécurité les hauteurs de la rive droite de l'Ill, depuis Altkirch jusqu'à Mulhouse. Nos reconnaissances atteignaient la Hardt.

 

Au nord de Mulhouse, l'ennemi ne fut pas plus heureux

 

le 19 août. Le groupe du nord (13e et 30e bataillons) marchait sur Colmar en descendant la Fecht. Le groupe du Sud (28e, 22e et 12e bataillons du lieutenant colonel Gratier) agissait en direction du Nord par la rive gauche de l' Ill. Ce dernier groupe trouva la route de la plaine solidement tenue par les Allemands. Il prit, plus à l'ouest, la route du col d'Osenbach. Le 28e bataillon se dirigeait ainsi d'Uffholtz sur Guebwiller.

 

 

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Ce dernier village fit fête aux chasseurs alpin. Ils continuèrent leur route, et atteignirent la région de Westhalten Orschwihr, fourmillante d'ennemis Le lieutenant colonel Brissaud-Desmaillet, commandant du 28e bataillon, envoya dans l'après-midi une reconnaissance offensive, dirigée par le lieutenant d'Armau de Pouydraguin, sur le village de Pfaffenheim.

 

L'officier ne découvrit rien de suspect dans le village; mais un habitant s'enfuyant vers une ferme isolée, il lui donna la chasse, et se trouva soudain devant une sentinelle allemande, avec laquelle il engagea un furieux combat corps à corps. Les chasseurs arrivèrent à temps pour dégager leur lieutenant, malgré une vive fusillade partie de la ferme.

La patrouille, fortement éprouvée, put regagner nos lignes. Nous nous trouvions au contact immédiat de l'ennemi.

 

Pendant ce temps, le 30e bataillon, qui se portait sur Walbach, se heurta à une brigade wurtembergeoise. Le capitaine Banelle chargea intrépidement une batterie qui dut s'enfuir, abandonnant ses projectiles. Un régiment ennemi, lancé à l'attaque, reflua en désordre sous le feu de nos mitrailleuses et de nos batteries de montagne. Le 30e bataillon subit des pertes sensibles, mais la route Turckheim nous était ouverte, et les trois bataillons du lieutenant colonel Gratier pouvaient progresser.

 

 

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Le 21 août, le 30e alpins enlevait Turckheim. Les bataillons glissaient vers la région de Kaisersberg et d'Ammerschwihr.

 

Le 22 août, ils livraient le combat d'Ingersheim.

 

Ce dernier village, situé à 3 kilomètres de Colmar, est protégé au sud par le cours de la Fecht. La route de Colmar à Ingersheim franchit la rivière sur un pont de pierre. Puis elle longe la rive sud de la Fecht, bordée par une sapinière. Ensuite, des vignes touffues s'étendent jusqu'à Logelbach, faubourg de Colmar.

Dès 7h heures du matin, une batterie allemande de 210 bombarda le front d'Ingersheim et les rives de la Fecht.

 

 

ingersheim.jpg

 

A 11 heures, les colonnes allemandes débouchèrent de Colmar par la route clé Kaiserberg. Elles se heurtèrent devant Turckheim aux 2e et 3e compagnies du 30e bataillon, et ne purent forcer le barrage. Mais l'attaque gagna par le nord. L'ennemi, sous le couvert des sapins, s'infiltra jusqu'à Ingersheim.

 

 

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La lutte fut meurtrière. Les 12e, 5e et 28e bataillons contre-attaquèrent furieusement les troupes bavaroises.

Ingersheim fut pris et repris à trois reprises. Les 5e et 28e bataillons culbutaient enfin l'aile droite ennemie et la rejetaient sur Colmar. Ingersheim flambait. A l'aube, le 28e bataillon atteignait la barrière de l'octroi de Colmar. Nous organisions défensivement la vallée de la Fecht.

 

 

51.jpgcolmar.jpg

 

Ainsi, à l'extrême gauche, nous nous trouvions aux abords mêmes de Colmar; à l'extrême droite, au sud d'Altkirch, les cavaliers de la 14e brigade de dragons et les fantassins du 242e régiment d'infanterie étaient installés à Hirsingen et à Ilirtzbach. De lIll au Rhin, la voie semblait ouverte à l'Armée d'Alsace…

 

 

22 aout 1914.pngliens.png

 

 

 

https://www.google.fr/maps/@47 [...] 590013,10z

 

 

bonne lecture

 

à suivre....

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B'jour tout le monde.

Je m'étais absenté quelques jours.

Zigo, tes articles sont de mieux en mieux.

Merci.

Comme suite je poste des tofs qui me plaisent un max, cela concerne "l'occupation" de la petite partie de la haute Alsace en 1916 et 1917.

Sénégalais St-Ulrich 1917.jpg

 

French soldiers posing in a trench near Hirtzbach, 1916..jpg

 

French soldiers observing the area in front of their trench, near Hirtzbach, 1916.jpg

 

French soldiers from the 3rd Regiment of Zouaves doing their laundry near Valbonne..jpg

C'est y pas une super image?

 

French soldier observing the area in front of his trench, near Hirtzbach, 1916.jpg

 

French colonial soldier in Ballersdorf, 1917..jpg

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Invité §pie367dg

B'jour tout le monde.

Je m'étais absenté quelques jours.

Zigo, tes articles sont de mieux en mieux.

Merci.

Comme suite je poste des tofs qui me plaisent un max, cela concerne "l'occupation" de la petite partie de la haute Alsace en 1916 et 1917.

Sénégalais St-Ulrich 1917.jpg

 

French soldiers posing in a trench near Hirtzbach, 1916..jpg

 

French soldiers observing the area in front of their trench, near Hirtzbach, 1916.jpg

 

French soldiers from the 3rd Regiment of Zouaves doing their laundry near Valbonne..jpg

C'est y pas une super image?

 

French soldier observing the area in front of his trench, near Hirtzbach, 1916.jpg

 

French colonial soldier in Ballersdorf, 1917..jpg

 

 

Bonsoir Hansi et j'espère que tu as passé de bonnes vacances.

Mais dis moi (ou nous) ce sont vraiment des photos d'époque ? parce-qu'elles sont d'une qualité étonnante

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Invité §pie367dg

A Zigomard, quand j'ai dit qu'on a l'impression que la guerre 14/18 a commencé par la bataille de la Marne, c'est simplement qu'il n'y a pratiquement pas de récits officiels sur les batailles antérieures, ce qui donne

l'image d'une armée française qui aurait reculé du 4-08 au 4-09-14 pour se réveiller à ce moment là.

Cela ressemble à une forme de censure :pfff:

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Bonsoir Hansi et j'espère que tu as passé de bonnes vacances.

Mais dis moi (ou nous) ce sont vraiment des photos d'époque ? parce-qu'elles sont d'une qualité étonnante

 

 

Trouvées sur un site américain.

De toute évidence elles ont été "retravaillées"

Mais le résultat est saisissant.

Dans l'article de Zigo il y en a une de la même "portée"

 

Celle des Zouaves à la fontaine est une de mes préférées. A tel point que je vais en faire une peinture sur le même thème.

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A Zigomard, quand j'ai dit qu'on a l'impression que la guerre 14/18 a commencé par la bataille de la Marne, c'est simplement qu'il n'y a pratiquement pas de récits officiels sur les batailles antérieures, ce qui donne

l'image d'une armée française qui aurait reculé du 4-08 au 4-09-14 pour se réveiller à ce moment là.

Cela ressemble à une forme de censure :pfff:

 

 

je pense exactement comme cela, plus je lis, plus je recherche, plus j'en suis convaincue :jap:

 

Hansi, peux tu nous en dire plus sur Hansi et par là même, tu peins?

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REPORTAGE: La bataille des Frontières

 

la bataille de Sarrebourg

 

 

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un petit rappel:

 

Les opérations militaires commencèrent dans la région de Sarrebourg dès le 9 Août 1914. Une division de cavalerie allemande franchit la frontière à Avricourt et se retira après un affrontement avec des éléments de la cavalerie française. Le général Lescot, commandant la 2° Division de Cavalerie de la 2° Armée s’empara du village de Lagarde, en Lorraine Annexée. Le 11 Août, la cavalerie allemande reprit Lagarde : la 2° Armée avait inutilement perdu 2 000 hommes !

 

 

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Le 14 Août, les troupes françaises entrèrent à Blâmont puis à Cirey-sur-Vezouze. L’armée française perdit 1 200 hommes : le général Silhol fut relevé de son commandement de la 26° Division d’Infanterie. Les allemands poursuivant leur retraite, les habitants du pays, au courant des travaux qu’avaient fait le génie allemand, prévenaient les officiers français :

 

“ Les Allemands vous attirent sur leurs formidables positions”. En effet, le Prince Ruprecht de Bavière, Commandant la VI° Armée allemande, regroupait ses forces derrière la Sarre, sur des positions bétonnées.

 

 

Longtemps avant la guerre, les Allemands avaient travaillé à constituer une solide barrière sur le front d'Alsace et de Lorraine, pour arrêter une offensive française éventuelle.

La défense de la région montagneuse des Vosges pouvait être assurée par de faibles effectifs, qui profiteraient de toutes les difficultés du terrain et de toutes les ressources de la fortification de campagne pour s'opposer à la progression de l'adversaire.

 

 

A l'est des Vosges, la ligne du Rhin constituait un fossé profond, presque infranchissable : la Feste d'Isteinerklotz, établie sur la rive droite du fleuve, couvrait les ponts d'Huningue et de Neuenbourg ; celle de Neuf-Brisach, sur les deux rives, protégeait deux ponts de bateaux et un pont fixe jetés sur le Rhin. Ainsi l'Allemagne du Sud était garantie contre les dangers d'une invasion.

 

Pour arrêter la progression éventuelle vers le nord d'une armée française qui aurait débouché des Vosges, ou qui aurait tourné ces montagnes par la trouée de Belfort, la place de Strasbourg était puissamment organisée; son système défensif se prolongeait dans la vallée de la Bruche jusqu'à Molsheim (Feste Wilhelm II). De solides fortifications de campagne renforcées, établies sur le Donon, en cas de menace de guerre, prolongeraient cette zone fortifiée jusqu'à la Lorraine pour interdire absolument l'accès de la Basse-Alsace et pour empêcher l'adversaire de venir menacer les derrières des forces allemandes, qui combattraient entre Metz et les Vosges.

 

La défense trouverait également des emplacements de résistance favorables le long de la trouée de Sarrebourg, sur les contreforts qui, à l'Est, bordent la Sarre.

En Lorraine, la zone des étangs serait élargie et rendue plus impraticable encore, dès le début des hostilités, car les Allemands avaient l'intention de tendre les inondations de l'étang de Lindre.

 

 

 

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Depuis de longues années, le Commandement allemand, qui connaissait la puissance de la barrière fortifiée établie sur notre territoire par le général Seré de Rivières, avait résolu de rester sur la défensive dans la région d'Alsace et de Lorraine, dès le début d'hostilités. Il avait résolu, d'y économiser les effectifs, grâce à l'utilisation du terrain, de la fortification et grâce à l'emploi des armes automatiques.

 

Mais le Commandement germanique comptait ne pas garder indéfiniment une attitude passive sur le front de Lorraine : bien au contraire, quand bien l'assaut de nos troupes serait venu se briser contre le môle solide établi en arrière de la frontière, les Allemands voulaient passer à une contre-offensive puissante en direction de la trouée de Charmes pour déborder rapidement par sa droite le gros des Armées françaises, déjà tourné par sa gauche grâce à la violation des territoires belges, et enserrer ainsi nos forces entre les deux branches d'une véritable tenaille, selon la théorie chère à Schlieffen.

 

 

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En raison des prescriptions du Ministre de la Guerre, les troupes françaises laissent inoccupée, au début du conflit, une zone de 8 kilomètres de profondeur à partir de la frontière. Dans les Vosges, les Allemands en profitent pour occuper et organiser les crêtes.

Le gros de la 1reArmée se rassemble à l'ouest de la Meurthe, dans la région Saint-Dié-Baccarat.

 

Avant d'entreprendre sa marche vers le nord- est, le général Dubail doit se prémunir contre l'éventualité d'une offensive ennemie, qui pourrait déboucher des Vosges en arrière de sa droite, et surprendre toute la 1re Armée en flagrant délit de manœuvre.

Le général Dubail va faire occuper très solidement la chaîne des Vosges, afin de n'avoir rien à redouter sur son flanc droit.

 

 

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L'OFFENSIVE DE LA 1re ARMÉE

 

Le 12 août, les 8e et 13e Corps d'Armée franchissent la Meurthe ; à gauche, le 8e Corps assure la liaison de la 2e Armée. Le 14 août, les 85e, 95e, 29e et 13e régiments du 8e Corps arrachent Domèvre au 1er Bavarois. Dans la nuit du 14 au 15, le 95e s'empare de Blâmont. Le 13e Corps a échoué devant Cirey' le 13, mais enlève ce village le 14. Le 16, la frontière est franchie : la couverture allemande peut à peine retarder nos progrès. Le 17 août, le 13e Corps, qui a dépassé la Sarre par sa droite, atteint la ligne Lorquin-Abreschwiller.

 

Plus à l'ouest, le 8e Corps a continué son avance vers Sarrebourg. Malheureusement il éprouve, à peine la frontière franchie, les plus sérieuses difficultés pour garder la liaison avec la 2e Armée : il en est, en effet, séparé chaque jour davantage par la zone des Etangs et ce n'est plus guère que par la route de Moyenvic à Sarrebourg qu'il peut, à partir du 18, se relier à la droite du général de Castelnau.

 

Le 18 août, le 8e Corps arrive devant Sarrebourg : une ligne de positions couvre la ville et la voie ferrée de Bensdorf à Saverne : il faut l'enlever d'assaut.

 

 

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ici, un témoignage:

 

Un combattant du 95e régiment, le lieutenant Péricard, nous a donné le récit suivant de la bataille :

 

Le 18 au matin, le 8e C.A. arrive devant Sarrebourg, l'ordre d'attaque lui prescrit d'atteindre le front Kerprich- Bois-Saint-Hubert, à l'ouest de Sarrebourg ; Il sera appuyé à droite par le 13e Corps, à gauche par le 16e (2* Armée).

 

Le 95e est désigné pour attaquer Sarrebourg : le général de Maud'huy, commandant la 31e brigade, a promis cette récompense au régiment, à la suite de sa brillante attitude à. Blâmont.

 

Promesse qui honore à la fois le chef et les hommes. Le 95e (colonel Tourret) part de Lorquin vers 6 heures du matin, traverse Xouaxange, franchit le canal de la Marne au Rhin et s'établit à la cote 325, près de la route de Paris, à 5 kilomètres de Sarrebourg.

 

Vers midi, les 2e et 3e bataillons du 95e commencent le mouvement ; chaque bataillon est en colonne double, les compagnies en ligne de section par quatre. Quand nos troupes arrivent sur la crête de la colline, à 1.500 mètres de Sarrebourg, l'ennemi fortement retranché sur les hauteurs au Nord de la ville, déclenche un tir violent de « gros noirs ».

 

 

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La progression se fait cependant sans aucun arrêt, par bonds rapides. A 15 h. 50, les premières compagnies pénètrent dans Sarrebourg, chassent les Allemands restés en arrière-garde, et occupent les lisières nord de la ville. Le 85e s'empare de Bühl et une compagnie du 95e se retranche à Hoff, en avant de Sarrebourg.

 

La population de Sarrebourg fait un accueil chaleureux à nos soldats. Devant chaque maison sont disposés des seaux de vin, des bouteilles de bière, des provisions de toutes sortes. Les habitants bourrent les musettes des poilus de cigarettes et de paquets de tabac.

 

Cependant, ils ne cachent pas leur appréhension : « La retraite des Allemands n'est qu'une feinte. Ils ont reculé pour vous amener sur les emplacements de combat choisis par eux. Ils sont plus nombreux que vous ; ils ont dix fois plus de canons. Prenez garde ! »

Ces avertissements ne sont que trop exacts ; on ne tardera pas à s'en apercevoir...

 

 

En effet, à quelques kilomètres au delà de Sarrebourg, le 8e Corps va se heurter à de nouvelles positions sur lesquelles sont accourus de nombreux renforts allemands. L'artillerie lourde ennemie s'est installée sur les hauteurs qui dominent la Sarre, de Reding jusqu'à Fénestrange, et elle flanque toute la vallée que nos troupes doivent suivre dans leur progression vers le Nord.

 

La lutte va devenir plus acharnée

 

 

d'ailleurs...

 

 

De nombreux renseignements fournis par des reconnaissances d'avions et les confidences d'habitants du pays, ont déjà permis, le 19, au général Castelnau, de savoir que ses troupes se heurteront le lendemain à une position organisée par l'ennemi sur la ligne approximative Frémery-Marthil-Hauteurs sud de Baronville-Morhange-Bensdorf-voie ferrée de Bensdorf à Mittersheim.

 

 

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Tous ces rapports ne permettent cependant pas encore au général de conclure qu'il se trouve en face de la zone principale de résistance allemande : il semble bien plutôt que cette ligne soit seulement une position avancée sur laquelle les troupes de couverture de l'Allemagne vont chercher, encore une fois, à retarder notre progression.

 

 

Au matin du 20 août, le général de Castelnau est amené à retarder l'attaque des 15e et 16e Corps d'Armée, car il attend le résultat des dernières reconnaissances aériennes, et nos avions sont gênés par la brume. Mais celle-ci tarde à se dissiper. Il est indispensable que nos troupes passent à l'offensive, afin de fixer les forces du prince Ruprecht : elles vont se lancer contre des objectifs dont la capacité de résistance est insuffisamment déterminée.

 

mais retournons auprès de la 1ère Armée

 

 

La 1re Armée, comme la 2e, a reçu mission d'attaquer avec vigueur, afin de fixer devant elle le maximum de forces allemandes.

En cas d'offensive victorieuse, les 1re et 2e Armées devront se porter dans la région de Sarrebrück, puis marquer un temps d'arrêt afin d'organiser de solides positions sur la Sarre, et d'attendre là le développement de l'importante opération que nos troupes doivent entreprendre dans le Luxembourg belge.

 

Mais ces plans vont être déjoués à la 1re Armée comme à la 2e. Le général Dubail verra tous ses efforts se briser contre les fortifications établies par l'adversaire sur ce front approximatif: Mittersheim-Gosselming- Voie ferrée de Bensdorf à Sarrebourg Rieding - Phalsbourg

 

 

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La Journée du 19 août. - Brisant une solide résistance, la 16e division progresse de quelques kilomètres vers le nord, et s'établit en fin de journée sur le front Dolving-Eich.

Plus à gauche, le Corps Conneau se heurte sans succès aux positions de Gosselming.

 

Dans le secteur montagneux, la brigade coloniale et la 43e division franchissent la vallée de Saint-Quirin et s'établissent sur la crête à l'ouest du cours de la Bièvre, depuis Trois-Fontaines jusqu'au Soldatenkopf.

Par contre, la 13e division ne peut progresser vers Obersteigen. Elle est même contre-attaquée par les Allemands au nord-est du Donon. Après avoir éprouvé des pertes sérieuses, les 21e et 109e régiments d'infanterie doivent se replier, en fin de journée, sur la ligne : sommet du Donon- Grand-Fontaine.

 

A droite, le recul s'accentue encore : nous abandonnons Hersbach et Schirmeck, dans, la vallée de la Bruche.

Il s'en suit de fâcheuses conséquences : le flanc droit de la 1re Armée peut se trouver menacé, d'autant plus qu'une seule division de l'Armée d'Alsace est en mesure d'intervenir au nord du Bonhomme.

 

 

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Le général Duball est alors contraint de confier au 21e Corps la garde du secteur montagneux jusqu'à la vallée de la Weiss.

La 71e division, qui appartient à la défense mobile d'Êpinal, vient se placer en réserve dans les environs de Saint-Léonard, et se tient prête à intervenir.

 

 

le 20 août, deux allures bien distinctes. D'une part, dans la vallée de la Sarre, le 8e Corps d'Armée marque un recul très sérieux. D'autre part, dans la zone montagneuse des Vosges, nous réussissons à maintenir nos positions et à briser tous les efforts de l'ennemi.

 

Zone de plaine. - Le général Dubail a prescrit à la 15e division du 8e Corps de se porter, pendant la nuit du 19 au 20 sur Gosselming, afin d'enlever par surprise ce village où le 1er bavarois s'est puissamment retranché.

 

L'action ne commence, en fait, qu'au petit jour. A l'ouest de la Sarre, la 15e division, prolongée sur sa droite par les 13e et 29e régiments d'infanterie, progresse à la faveur du brouillard; elle échappe ainsi partiellement au tir des canons lourds, et s'élance à l'assaut. Gosselming tombe entre nos mains.

Sur la rive droite de la Sarre, le 95e régiment d'infanterie (16e division) réussit à enlever Eich.

 

 

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Mais, à 11 heures, nos succès s'arrêtent. Nos troupes ont déjà subi des pertes sévères : l'artillerie allemande les couvre de projectiles ; elle est supérieure à la nôtre en puissance et en portée. L'action tardive de nos batteries lourdes d'armée, qui prennent position sur les croupes à 4 kilomètres au sud de Sarrebourg, n'arrive pas à éteindre le feu des pièces ennemies : celles-ci affirment, aux dépens de nos canons, la supériorité de leur tir.

 

 

 

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Ecrasée par les obus, assaillie par l'infanterie bavaroise qui attaque Gosselming par le nord, la 15e division française fléchit, évacue le village, et se retire en combattant sur les hauteurs qui se trouvent à 3 kilomètres au nord-ouest de Sarrebourg.

 

Les 13e et 29e régiments d'infanterie de la 16e division résistent avec acharnement le long de la Sarre, et ne reculent que pied à pied, malgré leurs vides, en infligeant à l'ennemi des pertes énormes. Mais ils seront contraints, dans la soirée, de se reporter en arrière du canal de la Marne au Rhin, à la droite de la 15e division, dont le repli atteint 15 kilomètres.

 

A l'est de la Sarre, à partir de 14 heures, les contre-attaques bavaroises, d'abord infructueuses, commencent à progresser. Elles réussissent à dégager Eich; puis le succès ennemi s'accentue, car le recul de nos effectifs sur la rive gauche a découvert Sarrebourg. A 16 h. 30, les 85e et 95e régiments d'infanterie française perdent la position de Hoff-Buhl, à laquelle ils s'étaient accrochés, et se retirent dans un ordre impeccable vers Imling, protégés par le 13e Corps, dont l'artillerie et une division d'infanterie interviennent soudain entre la Sarre et la Bièvre.

 

La retraite se poursuivra dans la nuit jusqu'à Xouaxange.

 

nous allons encore faire intervenir le lieutenant Péricard, du 95e R. I:

 

Le 19 au matin, la 32e brigade avait reçu l'ordre d'attaquer les hauteurs de la rive droite de la Sarre, entre Saaraltrof et Reding. Le 95e était resté à Sarrebourg, en réserve ; toute la journée s'était passée pour les hommes du régiment à pourchasser les espions. Il y en avait dans chaque maison. Chaque cave recelait un téléphone. Mais on se contentait trop souvent de couper les fils et d'emmener les coupables au poste. Les sanctions ne furent pas assez immédiates : quand, le lendemain, nous devrons abandonner la ville, les espions seront les premiers à se précipiter sur nos soldats en retraite et à les fusiller à bout portant.

L'attaque de la 32e brigade, le 19, nous a coûté de grosses pertes. Elle s'est heurtée à d'innombrables réseaux. L'artillerie ennemie a fait, parmi nos troupes, des ravages effrayants.

 

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Le 20, l'offensive reprend, Au début, nous avons l'avantage. Le village de Eich est

enlevé par un bataillon du 95e. Mais l'artillerie ennemie inonde ce village d'obus de 210. De nombreux incendies se déclarent. Des maisons s'effondrent, ensevelissant les défenseurs. Ni le 85e régiment d'infanterie à droite, ni le 13e régiment d'infanterie à gauche, n'arrivent à leurs objectifs. Le bataillon du 95e doit se replier sur Sarrebourg, sous peine d'encerclement.

Des hauteurs au nord de la ville, les Allemands se précipitent, soutenus par leur artillerie. Nos mitrailleuses et nos feux de salve font dans leurs masses compactes des trouées sanglantes. Mais, sans cesse, de nouvelles vagues déferlent.

Le bombardement s'exaspère. Les espions ont dû conserver des lignes téléphoniques intactes, car tous nos mouvements sont aussitôt signalés, et les obus suivent nos troupes à la piste.

Les Boches arrivent à 300 mètres et se terrent. On se fusille à bout portant. Le nombre des nôtres décroît de minute en minute, alors que les effectifs ennemis augmentent sans cesse. Des agents de liaison rampent de section en section pour dire que l'ordre est de tenir, afin de permettre l'arrivée du 13e Corps. Le colonel Reibell, qui commande la brigade, fait passer une note, disant : « -Le 95e se couvre de gloire. Si il peut tenir jusqu'à 16 heures, je ferai décorer le drapeau du régiment. »

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Cette nouvelle déchaîne l'enthousiasme. Les actes d'héroïsme se multiplient. Le lieutenant Potier, qui commande une section de mitrailleuses, donne ses ordres debout sous les balles, une cigarette aux lèvres. Le capitaine Fourré (4e compagnie), qui est entré le premier dans Sarrebourg et dont le courage tranquille demeurera légendaire au régiment, se tient debout près du lieutenant, la jumelle aux yeux, et, quand il voit que le tir des mitrailleuses est efficace, il s'écrie : « Bravo, Potier ! »

 

Le soldat Aussourd tire, dans la position du tireur à genoux, tous ses camarades tués autour de lui. Quand il n'a plus de cartouches, il prend celles des morts. Un agent de liaison, qui passe en rampant, lui crie : « Couche-toi, voyons ! tu vas te faire tuer ! - Qu'est-ce que ça fait répond Aussourd, puisque tous mes camarades sont morts ! » Les officiers ont pris des fusils et font le coup de feu avec leurs hommes. Les blessures n'empêchent pas de se battre : les balles, que de nombreux soldats glissent dans les fusils, sont tachées de leur sang. Des hommes mortellement atteints, rassemblent leurs dernières forces pour aller porter leurs cartouches aux camarades demeurés valides.

 

 

L'artillerie ennemie redouble de fureur. Beaucoup de maisons s'enflamment. Le tir des mitrailleuses est si violent que les balles forment des nappes. Nos 75, qui ont tiré sans arrêt depuis le matin, doivent s'arrêter, leurs caissons vides. De nombreuses pièces ont d'ailleurs été démontées. Leurs servants se sont aussitôt précipités au service des pièces restées intactes.

 

 

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Il fallait tenir jusqu'à 16 heures. A 16 heures 30, le 95e se bat toujours, mais le 13e Corps n'est pas encore arrivé. Les Allemands se sont infiltrés sur plusieurs points des lisières. Les défenseurs reçoivent des balles, non plus seulement de face, mais de droite et de gauche ; ils ont subi des pertes énormes (le 95e laissera 1.067 des siens à Sarrebourg). Le colonel Tourret donne l'ordre de repli.

 

 

Cet ordre est accueilli avec un mélange de soulagement et de stupéfaction. « Comment ? Nous abandonnons Sarrebourg? et le 13e corps, qu'est-ce qu'il fait ? »

Le capitaine Cournot (2e compagnie) déclare : « Que les autres s'en aillent, s'ils veulent. Moi, je reste ! »

 

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« Là retraite commence cependant. Mais les Allemands se précipitent à la suite des nôtres. De nombreux civils (les immigrés) se joignent aux Allemands, et ouvrent le feu parles fenêtres et les soupiraux. Toute défense est inutile. Alors, dans une inspiration de sublime folie, le colonel Tourret fait ranger par quatre les hommes qu'il a rassemblés autour de lui; il se met à leur tête, et la colonne défile, au pas cadencé, le fusil sur l'épaule, baïonnette au canon, le drapeau déployé, comme à une revue de champ de manœuvre. Quand des hommes tombent, les survivants serrent les rangs, sans hâte, pour narguer les Boches.

 

 

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Tous les blessés, qui étaient en traitement à l'hôpital, sortent de leurs lits pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi et se traînent par les rues, à la suite de la colonne. Des pansements se défont, et beaucoup de blessés expirent dans des flots de sang.

 

A la sortie de Sarrebourg, le général de Maud'huy, qui a quitté la ville un des derniers, est là, avec son porte- fanion. Il avise la musique, qui accompagne le colonel. « Allons, les gars, dit-il, préparez-vous à jouer! »

 

Les musiciens sortent leurs instruments. « Et maintenant, poursuit le général, la Marche Lorraine ! »

Les musiciens jouent la Marche Lorraine ; les hommes suivent la musique et chantent les paroles à pleine voix.

 

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Le général de Maud'huy vient le dernier, son éternelle pipe à la bouche.

Et c'est ainsi que, sous la pluie des balles, les débris du 95e s'éloignent de Sarrebourg !

 

Comme le régiment repassait la Sarre, il vit arriver, vers l'est, les avant- gardes du 13e Corps. Avec une ardeur admirable, le 13e Corps s'élança en direction de Sarrebourg. Mais, décimé par l'artillerie, harcelé par d'innombrables mitrailleuses, il dut se replier à son tour. Sarrebourg était définitivement perdu pour nous.

 

Un dernier détail, sans grande valeur intrinsèque, montrera de quelle façon nous comprenions la guerre d'invasion. Le 20 août, dans l'après-midi, l'officier de ravitaillement du 95e, qui avait quitté Sarrebourg avec ses voitures, se souvint tout à coup qu'il avait laissé impayé un ordre de réquisition. Il revint dans la ville sous les obus et sous les balles, se rendit à la mairie et remit au bourgmestre stupéfait la somme qu'il lui devait.

« Je n'ai pas voulu qu'il fût dit, racontait-il plus tard, que des Français avaient laissé des dettes derrière eux ! »

 

 

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bonne lecture et...

 

à suivre...

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Invité §pie367dg

C'est bien d'avoir les témoignages vécus, cela permet de se faire une idée un

peu plus précise du déroulement des évènements.

Pour Hansi 68730, je poserai les mêmes questions au sujet de Hansi et de la

peinture.

Le sujet que tu as choisi avec les zouaves au niveau des couleurs parait

judicieux.

Quand tu auras terminé, une photo sera la bienvenue ( si possible )

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C'est bien d'avoir les témoignages vécus, cela permet de se faire une idée un

peu plus précise du déroulement des évènements.

Pour Hansi 68730, je poserai les mêmes questions au sujet de Hansi et de la

peinture.

Le sujet que tu as choisi avec les zouaves au niveau des couleurs parait

judicieux.

Quand tu auras terminé, une photo sera la bienvenue ( si possible )

 

 

pour la demande de témoignages, on sent bien qu'on est de la même génération :jap:

 

c'est justement ce que je recherche le plus mais ils sont rares, certains que j'ai mis depuis novembre viennent de scannes de mes livres :??:

 

le prochain reportage, il y en aura trois, un combattant français, un combattant allemand et un médecin français

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Invité §pie367dg

 

pour la demande de témoignages, on sent bien qu'on est de la même génération :jap:

 

c'est justement ce que je recherche le plus mais ils sont rares, certains que j'ai mis depuis novembre viennent de scannes de mes livres :??:

 

le prochain reportage, il y en aura trois, un combattant français, un combattant allemand et un médecin français

 

 

Je suis de 1952 et j'ai connu mes deux grand-pères qui avaient vécu la Grande

Guerre, seulement l'un est décédé en 1957 et l'autre en 1963, j'étais donc encore trop jeune pour recueillir leurs témoignages. :non:

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REPORTAGE: Bataille des Frontières IV

 

La bataille de Morhange

 

 

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Nous quittons la première armée pour rejoindre la deuxième armée

 

ma base de travail est un livre: LA BATAILLE DE MORHANGE 19-20 août 1914 de BELLARD André, il est de ceux qui ont combattu

ici, le lien pour une lecture plus prononcée

 

http://www.horizon14-18.eu/morhange/

 

 

Avant de passer à l'étude de l'offensive de la 2e Armée contre la position principale allemande, il est nécessaire d'indiquer très nettement la situation des forces du général de Castelnau.

 

A droite, la 31e division du 16e Corps a été, le 18 août, rejetée sur Angwiller, après avoir subi des pertes sérieuses. La 32e division (80e, 53e, 15e et 143e régiments d'infanterie) est rassemblée dans la région d'Heming, afin d'assurer la liaison avec la gauche de la 1re Armée, toujours fort en arrière du front tenu par le 16e Corps.

 

Le 15e Corps a dépassé, par sa droite, la région des étangs. Mais il n'a pu franchir ni le canal des Salines, ni la Seille. Son front s'étend de Zommange à Marsal : au delà de la rivière, Dieuze n est pas occupée par nos troupes.

 

Le 20e Corps, fidèle à ses traditions, est toujours en avant, avec ses premiers éléments de part et d'autre de Château-Salins. Le gros des forces se trouve sur la Seille. La 68e division de réserve prolonge la gauche du 20e Corps, face à la côte de Delme.

 

Le Corps de cavalerie Conneau, passé à la 1re Armée, va concourir aux opérations de celle-ci, et s'engager, le 19 août, près de Gosselming.

 

 

 

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et pour les Allemands, ils établiront que l'attaque fut menée, de leur côté, par des éléments de la garnison de Metz (33 E division de réserve et 53 E brigade de Landwehr) opérant en direction de Nomeny ;

 

d’autre part, la 10è division d’ersatz marchant de Remilly sur la côte de Delme, le IIIè corps Bavarois marchant de han sur Nied>vatimont>Lesse et couvert par la 8è division de cavalerie et la division de cavalerie bavaroise) sur Hannocourt— Oron—Château-Bréhain ;

 

le II e corps d'armée bavarois marchant de Baronville et Morhange sur Hampont—Wuisse ; le XXI e corps d'armée marchant de Bénestroff sur Dieuze—Rorbach et, enfin, le I e r corps d'armée bavarois de réserve marchant sur Langatte.

 

 

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Le 18 août, au soir, le général de Castelnau prescrit à son armée de passer le 19 à l'attaque de la position Morhange-Bensdorf.

 

La journée du 19 août. - Le 20e Corps se porte au-delà de la Seille, couvert en avant par le 4e bataillon de chasseurs. Des détachements de cavalerie éclairent sa marche.

Au cours de cette journée, l'artillerie allemande se montre assez active ; les colonnes du 20e Corps sont soumises à des tirs de 77 ; mais les obus éclatent haut, et font plus de bruit que de mal.

un point important, Il fait une chaleur accablante. Qu'importe ? On avance avec une joie folle ; on examine curieusement, au passage, des tranchées désertes où traînent des casques à pointe et des cartouchières ; on se désigne curieusement les uns aux autres des mâts inutiles ; nul ne se doute que ce sont là des jalons tout prêts pour le tir des artilleurs ennemis.

 

Au soir du 19, le 20e Corps atteint la ligne Oron (43e colonial) - Château-Bréhain (39e division) - Pevange-Conthil (11e division).

La 68e division arrive à Laneuveville-en-Saulnois.

Mais, sur la droite, la journée a été dure pour le 15e Corps. La 30e division (3e, 40e, 58e, 61e régiments d'infanterie) a bien réussi à s'installer sur les hauteurs du bois du Monack et à se rapprocher des lisières sud de la forêt de Brides et Koking ; mais aucun de ses détachements ne peut pénétrer dans la forêt sans en être aussitôt rejeté.

Les Lorrains, quant à eux assistèrent en spectateurs, parfois du haut des toitures, au mouvement de troupe, cependant vers 20 heures, le tir se rapprocha de la cible. Les obus éclataient dans quelques rues ( Marthille).

 

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Du côté de la 29e division, tandis que la 58e brigade reste en réserve dans la vallée de la Seille, la 57e brigade marche sur Bidersdorff, appuyée par l'artillerie divisionnaire et l'artillerie de Corps. Les chasseurs des 6e et 23e bataillons réussissent bien à enlever Vergaville à une arrière-garde ennemie ; mais au delà du village leur progression devient difficile. Nos troupes sont soumises aux feux convergents de l'artillerie lourde allemande, installée à l'est sur les plateaux de Domnon, et à l'ouest dans la forêt de Brides et Koking.

 

Toutes ces colonnes qui marchent en direction de Bidersdorff, à travers la vaste plaine nue et soigneusement repérée.

Dans une véritable fuite en avant, les soldats de la 29e division se jettent dans Bidersdorff, qu'ils trouvent évacué. Alors l'artillerie allemande concentre ses feux sur le village, dont les maisons ne nous offrent qu'une insuffisante protection.

 

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La droite du 15e Corps ne peut pousser plus loin : elle installe ses avant-postes aux lisières nord de Bidersdorff. Et, fait très grave, certaines unités, d'ailleurs fort éprouvées, commencent à fléchir.

 

La nuit du 19 au 20 est particulièrement agitée. Partout crépitent des fusillades.

 

Au nord, dans cette zone mystérieuse qui s'étend de Delme jusqu'à Morhange et Bensdorf, l'ennemi est groupé en forces et nous guette. De temps en temps il nous révèle sa présence par des projecteurs, qui trouent les ténèbres.

Il n'est pas un soldat de chez nous qui ne s'attende à vivre, dans quelques heures, le grand drame. Mais si l'anxiété courbe quelques fronts, beaucoup des nôtres respirent avec fierté les senteurs des forêts lorraines, et se préparent simplement, sans faiblir, à l'inévitable devoir.

Au soir du 19 aout le 20è corps a atteint les objectifs qui lui avaient été assignés par le général de Castelnau. Pendant que se déroulaient les opérations, les allemands immigrés de la nouvelle ville, peu rassurés jugèrent prudents de se mettre en lieu sûr, et ils commencèrent dès 2 heures de l’après-midi un exode vers les villages de l’arrière.

 

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La journée du 19 août avait été dure pour les troupes françaises (pertes, longues distances sous une chaleur accablante, manque de ravitaillement, opération en cours depuis déjà 5 jours) les troupes avaient besoin de repos mais une surprise allait les attendre car dès le lendemain, les troupes allemandes lançaient la contre-offensive, telle qu’elle avait été prévue de longue date.

Toute la nuit on avait entendu des bruits de trains et des troupes fraiches étaient entrées à Morhange. Dès 4 heures du matin, les Bavarois, après avoir mis en action leur artillerie lourde, attaquent en force. Les habitants rendus prudents devant les « évènements de la veille, prirent l’habitude de chercher refuge dans les caves

 

La journée du 20 août. - De nombreux renseignements fournis par des reconnaissances d'avions et les confidences d'habitants du pays, ont déjà permis, le 19, au général Castelnau, de savoir que ses troupes se heurteront le lendemain à une position organisée par l'ennemi sur la ligne approximative Frémery-Marthil-Hauteurs sud de Baronville-Morhange-Bensdorf-voie ferrée de Bensdorf à Mittersheim.

 

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Les ordres donnés par le commandant de la 2e Armée pour la journée du 20 organisent méthodiquement l'attaque de la ligne Marthil-Mittersheim

 

A droite, les 16e et 15e Corps d'Armée lieront étroitement leur action, en vue d'atteindre la voie ferrée Mittersheim- Bensdorf.

D'autre part, le 20e Corps devra procéder à son installation sur le terrain occupé la veille : il établira à sa gauche la 39e division dans un dispositif lui permettant, soit de continuer son offensive vers le nord-est, soit de faire face à une attaque débouchant de Metz.

Le 2e groupe de divisions de réserve renforcera ses organisations défensives, face à Metz.

Faute de moyens, la réserve d'armée ne comprendra que le 173e régiment d'infanterie, établi à Juvelize.

 

Au matin du 20 août, le général de Castelnau est amené à retarder l'attaque des 15e et 16e Corps d'Armée, car il attend le résultat des dernières reconnaissances aériennes, et nos avions sont gênés par la brume. Mais celle-ci tarde à se dissiper. Il est indispensable que nos troupes passent à l'offensive, afin de fixer les forces du prince Ruprecht : elles vont se lancer contre des objectifs dont la capacité de résistance est insuffisamment déterminée.

 

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Au centre, la 29e division du 15e Corps se porte au-delà de Bidersdorf, en direction de Bensdorf. Elle est presque aussitôt assaillie sur ses deux ailes par de grosses forces bavaroises, descendant de Burgaltroff et de Domnon.

L'ennemi s'est, en effet, résolu à passer à l'offensive ; il estime que nos troupes se sont déjà affaiblies, la veille, en efforts généralement stériles contre de solides positions.

La 29e division, sous un tel choc, recule. Son repli s'accentue malheureusement de minute en minute : elle revient bientôt en de çà de ses positions de départ ; elle évacue Bidersdorf et se retire sur Vergaville et sur Dieuze.

 

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Le général de Castelnau lui prescrit alors de s'arrêter sur la ligne Vergaville-La Providence et de couvrir la retraite de la 30e division, qui se trouve, elle aussi, en situation des plus fâcheuses.

La 30e division, rassemblée au petit jour en arrière des lisières du bois du Monack, a été attaquée à l'aube par des masses ennemies, débouchant de la forêt de Brides et Koking. Les Allemands ont énergiquement poussé leur droite en avant, menaçant nos lignes de retraite, de sorte que la 30e^ division s'est retirée en hâte vers le sud, pour éviter de se laisser couper. Au cours de cette retraite, les premiers désordres apparaissent. Ils tendent vite à se généraliser.

 

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La 29e division ne réussit pas à contenir l'adversaire. Elle évacue Dieuze. Le 173e régiment d'infanterie est, en vain, jeté dans la bataille. La situation continue de s'aggraver.

Les unités du 15e Corps refluent jusque vers Donnelay et Juvelize. Alors les 23e et 24e bataillons de chasseurs se sacrifient pour couvrir la retraite et retenir les Bavarois sur les deux lignes successives: Dieuze-Kerprich, Gelucourt-Juvelize.

Plus à droite, le 16e Corps a été également contraint de reculer. Dès le début de son offensive, il a subi la violente contre-attaque d'imposantes forces ennemies, bien appuyées par l'artillerie lourde. Nos batteries de campagne ont été assez vite réduites au silence. Notre infanterie a pu alors d'autant moins se maintenir qu'à l'Est le 8e Corps de la 1re Armée éprouvait un sanglant échec, et se trouvait rejeté vers le sud.

 

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Ces deux Corps d'Armée ont subi de grosses pertes, accrues par l'abandon des blessés sur le terrain de l'action.

Tandis que la droite de la 2e Armée était contrainte à la retraite, la gauche se trouvait, à son tour, sérieusement compromise.

Les instructions envoyées le 19 août par le général de Castelnau ne prescrivaient pas impérativement au 20e Corps de rester sur la défensive. Le commandant de la 2e Armée avait même prévu que la 39e division adopterait un dispositif lui permettant de reprendre éventuellement l'offensive.

 

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Le général Foch, chef du 20e Corps, pense, le 20 au matin, que les circonstances lui font un devoir de passer à l'attaque, et qu'un vigoureux effort de ses magnifiques troupes suffira pour enfoncer le front adverse et décider du sort de la journée. Il donne donc des ordres en ce sens.

Mais le général de Castelnau, le 20 août, à 6 h. 25, a envoyé de nouvelles instructions à son subordonné, pour lui recommander, formellement cette fois, de rester sur place.

Le général Foch reçoit à 7 h. 15 les ordres de son chef. Trop tard, malheureusement : le 20e Corps est engagé à fond.

La 11e division (26e, 37e, 69e, 79e régiments d'infanterie; 4e bataillon de chasseurs) a poussé au delà de Conthil et au delà de Pevange, en direction de Morhange. Soumise à de violents feux d'artillerie lourde, elle ne peut aborder cette ville. Les Bavarois contre-attaquent alors avec vigueur. La 11e division, écrasée par le nombre, doit se reporter en arrière de ses emplacements de départ, sur une position organisée entre Lidrequin et la cote 238.

 

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La situation est d'autant plus sérieuse qu'à 7 h. 15 le général de Castelnau, qui croit encore le 20e Corps sur ses emplacements de la nuit et pense pouvoir en disposer pour le jeu des contre- attaques, prescrit au général Foch de porter sa 11e division sur Lidrezing afin de la jeter dans le flanc droit des troupes bavaroises qui pressent fortement la 30e division du 15e Corps.

Le général Foch est dans l'impossibilité d'exécuter cet ordre, car la 11e division est sérieusement accrochée entre Lidrequin et la cote 238. Il ne peut, d'autre part, enlever la moindre unité à la 39e division, car celle-ci est à son tour extrêmement menacée.

Cette 39e division (146e, 153e, 156e et 160e régiments d'infanterie; 41e et 43e régiments d'infanterie coloniale) s'est ruée de Château- Bréhain et Oron vers Marthil et Chicourt. EUe a été soumise à un feu violent de l'artillerie allemande, cette artillerie se trouvant renforcée par les grosses pièces amenées du camp retranché de Metz. La 39e division a subi des pertes irréparables.

Vers 7 h. 30, la situation devient plus tragique encore.

 

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Le IIIe Corps bavarois débouche de la région de Destry, et se lance à la contre-attaque dans le flanc gauche de notre 39e division.

L'offensive de nos troupes est immédiatement enrayée. La poussée ennemie se fait de plus en plus violente. Partout des masses « feldgrau » surgissent des bois, où elles se dissimulaient, et se glissent dans les avoines. Les Bavarois avancent, en tirant sans relâche. Ils sont à 200 mètres, puis à 100 mètres de nos lignes. C'est presque à bout portant qu'on se fusille.

En vain les canonniers du 8e et du 60e d'artillerie couvrent de projectiles les formation ennemies. Leurs pièces sont prise à partie par les artilleurs allemands, et nos canons, les uns après les autres, doivent se taire. Plusieurs de nos batteries sont enlevées après un sanglant corps à corps. L'infanterie bavaroise est partout, venant de partout. Les marsouins du 43e tiennent énergiquement; ils ne cèdent que pied à pied le terrain.

 

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Des vides se creusent sans cesse dans leurs rangs. Il semble que toute la 39e division doive être submergée par la vague gris vert.

A 8 heures, notre retraite se dessine sur Château-Salins. Les coloniaux vont résister encore, au prix des plus durs sacrifices, pour contenir la pression de l'ennemi sur notre gauche, et permettre à la 39e division de se dérober à l'étreinte des Bavarois. Un ardent soleil embrase le champ de bataille. Des villages commencent à flamber. Les batteries allemandes tonnent avec fureur. Les coloniaux ne se retirent qu'au commandement, une fois leur mission accomplie.

A partir de 14 heures, la 11e division se lie au mouvement général vers le sud : couverte par le 4e bataillon de chasseurs, elle se reporte en direction de Vic.

 

Qu'était devenu, pendant ce temps, le 2e groupe des divisions de réserve ?

La 68e division avait été attaquée, avec une violence égale, par des unités bavaroises descendues de la côte de Delme : le 344e régiment d'infanterie subit là des pertes cruelles. Après avoir combattu durant toute cette journée, par une chaleur accablante, la 68e division, pressée par des forces supérieures en nombre, devait se replier sur Jalaucourt.

Plus à l'ouest encore, la bataille faisait rage au delà de la Seille, jusque vers la Colline Sainte- Geneviève. Mais la 59e division, du 9e Corps d'Armée, réussissait à repousser près de Nomeny des attaques allemandes, débouchant de Metz.

 

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Le soir va tomber. Le général de Castelnau se résigne à ordonner la retraite. Il prescrit, à 16 h. 30, au 20e Corps de se maintenir le plus longtemps possible sur la tête de pont de Château-Salins, afin que soit couvert le recul de la 2e Armée. La 68e division est mise, en conséquence, à la disposition du général Foch. Le 16e Corps reçoit l'ordre de se retirer en direction générale de Lunéville, le 15e Corps en direction de Dombasle. Le 20e Corps se reportera en direction de Saint-Nicolas, après l'accomplissement de sa mission. Le groupe des divisions de réserve va organiser en hâte les défenses du Grand-Couronné.

Nos soldats ont subi à Morhange un grave échec. Mais ce ne sont pas des vaincus. Ils se retirent vers l'ouest pour prendre du champ, pour rompre le contact avec l'ennemi, pour gagner quelques heures, quelques jours peut-être.

ainsi se termine la bataille de Mohrange, la 2è armée va retraitée quelques jours, rejoindre la 1è armée de Dubail et là, une autre bataille que nous conterons passer le 22 août sur tout le front, cette bataille débutera le 24 août et sera un tournant de cette guerre

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des milliers de morts de part et d'autre,

 

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ici est enterré 2 937 français sur les 5 000 à 6 000 tombés ses deux jours là

 

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et pour un sommeil éternel, 4 754 soldats allemands gisent dans un cimetière de Mohrange

 

 

 

 

bonne lecture et...

 

à suivre

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Je suis de 1952 et j'ai connu mes deux grand-pères qui avaient vécu la Grande

Guerre, seulement l'un est décédé en 1957 et l'autre en 1963, j'étais donc encore trop jeune pour recueillir leurs témoignages. :non:

 

 

je suis pour ma part de 57, mai 57

 

le peu de témoignages que j'ai eu est de mon grand père mais qui causait de son père: il ne voulait pas parler de cette guerre!!

 

on peut remarquer qu'il ne fut pas le seul, reste heureusement des écrits

 

demain, pour les témoignages je vais essayé d'en mettre deux ou trois sur le topic en ligne direct des événements de Mohrange :jap:

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REPORTAGE: Bataille des frontières

 

Bataille de Mohrange; les témoignages

 

Rapport de Monsieur le Médecin-major de 2e classe Grenot

 

Le service de santé du 4e bataillon de chasseurs à pied (BCP) à Morhange (20 août 1914).

Intégré dans la IIe armée de Castelnau (15e, 16e et 20e corps d’armée) qui s’engage en Lorraine annexée, le 4e BCP (chef de bataillon Gustave Paul Lacapelle) reçoit la mission d’éclairer puis de flanc-garder la 11e division d’infanterie (20e corps d’armée). Le 20 août 1914, en compagnie des autres unités de la 11e DI (26e, 37e, 69e et 79e régiments d’infanterie), le 4e BCP, surnommé « les Chasseurs de Saint-Nicolas » se déploie autour de Pevange sous de violents feux de l’artillerie lourde allemande qui rendent Morhange inaccessible. Dans l’après midi du 20 août, à l’instar des autres grandes unités engagées plus au sud (15e et 16e CA), le 20e CA amorce un mouvement général de retraite laissant plusieurs centaines de blessés sur le champ de bataille.

 

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A Pévange, l’unique poste de secours du 4e BCP dirigé par le médecin-chef du bataillon, le médecin major de 2e classe Grenot est déployé, vite encombré de blessés et ne peut se replier

 

« Rapport de Monsieur le Médecin-major de 2e classe Grenot, chef de service au 4e bataillon de chasseurs à pied, au sujet des circonstances qui ont accompagné la prise du personnel médical du bataillon et se sont déroulées pendant le temps de sa captivité.

Le 20 août 1914, à la suite du combat de Pevange (Lorraine annexée), le poste de secours du 4e bat. De chasseurs à pied, installé par ordre du chef de bataillon au centre du village, ne put se replier à temps et tomba aux mains de l’ennemi. Le village fut occupé par une compagnie du 17e régiment d’infanterie, dont les hommes entourèrent aussitôt les médecins et infirmiers, sans commettre d’ailleurs de brutalité. Ils pillèrent les sacs des blessés et en jetèrent le contenu sur le sol ; ils mirent également la main sur un certain nombre d’objets appartenant aux médecins.

 

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Ils ne se livrèrent à aucun acte de violence sur les blessés. Le capitaine qui commandait [la cie] d’occupation se montra correct et donna toutes facilités au personnel pour assurer les soins aux blessés. A plusieurs reprises cependant, des infirmiers et brancardiers furent acquis (sic)[requis] pour aider à enterrer les morts. Sur l’initiative des médecins du bataillon, quelques habitants apportèrent du bouillon aux blessés privés jusque là de toute nourriture..

 

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Les évacuations se firent pendant la journée du 21, assez lentement d’ailleurs, parce que maintes fois les voitures requises à cet effet furent employées par les allemands pour transporter des cadavres. Le soir de ce même jour, une section emmena baïonnette au canon le dernier convoi de blessés accompagné du personnel médical.

Après une assez longue attente dans la cour d’une des casernes de Morhange, un médecin militaire allemand arriva, se fit ouvrir les paniers de la voiture médicale et fit main basse sur une partie du matériel et des médicaments (boîte chirurgicale, teinture d’iode, alcool, thé, etc.). Puis les blessés et le personnel furent conduits dans des écuries voisines, où se trouvaient encore des chevaux. Les médecins du bataillon ayant fait remarquer qu’un séjour en un pareil lieu offrait de sérieux dangers pour les blessés, un médecin allemand répondit qu’il trouvait, quant à lui, le local excellent. Force fut donc aux blessés et au personnel de s’étendre sur une litière non renouvelée.

 

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C’est très vraisemblablement à ce séjour prolongé dans des écuries, où les blessés étaient littéralement dévorés par les mouches, que doit être attribué le nombre relativement considérable de plaies venimeuses [vermineuses ?] constatées. Le lendemain matin, le personnel infirmier et brancardier fut emmené pour une destination inconnue, malgré les protestations des médecins qui restèrent seuls pour assurer le renouvellement des pansements.

Les blessés ne recevaient toujours aucune nourriture ; des habitants de Morhange eurent connaissance de cette détresse et apportèrent dans la journée quelques provisions. Ils ne purent renouveler leur visite, affirmant qu’ils se rendraient suspects en agissant ainsi et qu’ils étaient surveillés de près.

Le soir enfin, des voitures emmenèrent dans une autre caserne les blessés qui furent déposés dans la cour, où se trouvaient déjà réunis pêle-mêle, un assez grand nombre de blessés français. Le service médical ne s’effectua qu’assez difficilement, car les médecins ne pouvaient circuler sans être surveillés et suivis par des hommes baïonnette au canon, qui interdisaient de s’éloigner un tant soit peu des bâtiments.

 

 

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Un soir, survint un incident qui faillit entraîner des conséquences incalculables. Vers 9 heures, un coup de feu retentit dans la cour où se trouvaient encore de nombreux blessés, coup de feu suivi de gémissements et d’un violent tumulte. On apprit que des soldats, sous un prétexte qui ne pût être suffisamment éclairci, venaient de tirer à bout portant sur un blessé français.

Les français furent alors accusés de rébellion. Les blessés qui ne pouvaient marcher furent arrachés des places qu’ils occupaient et traînés brutalement au milieu de la cour, sans égard pour leurs blessures ; les médecins furent également arrachés de leurs chambres et conduits près des blessés. Au milieu du bruit et des vociférations, tout le monde fut fouillé. Un certain nombre d’objets appartenant à des médecins disparurent ; on enleva à tous couteaux et canifs. Beaucoup de blessés furent dépouillés de leur porte-monnaie

 

 

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Un commandant menaçait de faire tirer « dans le tas ». Grâce à l’intervention d’un médecin allemand qui sortait de la cantine et qui fut attiré par le tumulte, celui-ci fut apaisé et peu à peu tout rentra dans un calme relatif.

Les médecins furent prévenus qu’au moindre geste suspect de leur part, quelques-uns d’entre eux seraient fusillés. Interdiction formelle fut faite de sortir des bâtiments une fois la nuit tombée. A chaque instant le service médical fut entravé du fait de la réquisition d’infirmiers et de brancardiers qu’on emmenait au dehors creuser des fosses et enterrer des morts. La nourriture fut détestable, repoussante même pendant les premiers jours : deux brancardiers désignés pour aider les cuisiniers allemands avouèrent avoir maintes fois, retiré avant le repas, des morceaux (sic) [monceaux ?] de mouches tombées dans le liquide graisseux et noirâtre qui servait de bouillon pour les officiers et les blessés.

 

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106 corps allemands dans la fosse commune de Mohrange

 

 

Deux médecins allemands coopérèrent au service chirurgical. Ils se montrèrent très interventionnistes et de l’avis des médecins français qui assistèrent à quelques opérations pratiquées par eux, il aurait pu être sursis à un certain nombre d’amputations. Des sœurs infirmières, venues de Metz, se montrèrent dévouées.

A partir du 7e jour, les évacuations furent commencées et il ne resta bientôt plus que quelques intransportables. Le 30 août au matin, les médecins furent brusquement prévenus qu’ils avaient un quart d’heure pour faire leurs [préparatifs de départ. Ils furent conduits à la gare de Morhange, en colonne par quatre, et entourés de soldats baïonnette au canon. »

Le personnel sanitaire du 4e bataillon de chasseurs à pied (dont seulement 9 infirmiers et brancardiers) embarqua dans un train en direction de la Suisse, via Sarrebourg et Strasbourg pour être libéré à Bâle.

 

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quelque part en Allemagne

 

le témoignage suivant:

 

On ne peut se faire une idée de l’importance des combats qui se sont déroulés en Lorraine, où, Allemands et Français qui se font face, ont formé une ligne de front ininterrompue s’étendant sur une centaine de kilomètres.

Un officier allemand blessé au combat à Dieuze dresse le tableau de la bataille :

« L’affrontement principal, au cours duquel huit corps d’armée français ont été refoulés entre Metz et les Vosges et qui, grâce à une poursuite impitoyable les a fait refluer vers leurs bases principales, s’est produit le jeudi 20 août. Dans la nuit du 19 au 20, nous nous attendions à une attaque française, nous avions dormi dans des tranchées près de Bourgaltroff.

 

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Mais, bien que de temps en temps des tirs de groupes de reconnaissance aient été échangés, les Français n’avançaient pas. C’est alors que vers 5 h 30, de notre côté, l’ordre d’attaquer les positions françaises à l’ouest et à l’est de Dieuze est ordonné. Les Français occupaient un avant-poste près du bois de Monacker, au nord-ouest de Vergaville.

Nos troupes les prennent sous un feu intense, auquel ils ripostent vigoureusement. Sous la puissance de nos mitrailleuses, le feu de l’infanterie française décroit alors en intensité et malgré les obstacles, telle l’avoine encore sur pied dans les champs, nos hommes se sont rués sur l’ennemi avec un courage frénétique, en poussant l’attaque vers l’avant.

 

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Pendant l’avancée, un feu flanquant provenant de quelques maisonnettes dans les parcelles du vignoble, au bord des bois de Monacker, et devant être occupées par des blessés, nous interpelle. Bientôt, nos troupes mettent fin à cette manœuvre ignoble, passant par les armes les occupants des maisons et détruisant celles-ci. Les troupes allemandes s’emparent de l’aile droite suite à une brillante attaque à la baïonnette.

Les Français ébranlés se retirent et s’enfuient en direction de leur position. Les champs couverts de cadavres français témoignent de la razzia épouvantable que la mort avait faite parmi eux. Tout le monde reculait vers sa position principale, d’où un tir d’artillerie masqué, meurtrier tentait de retenir nos vaillants garçons. Mais en vain ! C’est vers l’avant et avec une force irrésistible que les côtes étaient gravies, et sous cette poussée ainsi que sous le tir énergique de l’artillerie allemande, l’ennemi évacue sa position principale sur toute la ligne. A notre gauche le combat progresse, l’ennemi fuyait vers Dieuze, de là, les troupes retraitaient vers Lunéville.

 

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Des voiturées de cartouches françaises tapissaient le sol. Déjà lors de la prise de la position française, nous avions trouvé des mulets qui étaient encore chargés de mitrailleuses et d’autre matériel et, dans la position principale de l’ennemi, des batteries de très gros calibre, dont les chevaux n’avaient pas encore dételés, mais abattus avec leur harnachement et qui gisaient sur le sol. Toute la route de Vergaville à Guébling était recouverte de pantalons rouges, preuve que, même lors de sa retraite, des pertes énormes ont été infligées à l’ennemi.

 

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Un major français, voyant son bataillon détaler, se positionna sur le talus d’un fossé et donna lui-même la mort. Par centaines les Français étaient faits prisonniers et suppliaient qu’on les laisse en vie. Partout ça grouillait de prisonniers français. Nombre d’épisodes peuvent démontrer le peu de résistance que l’ennemi manifestait malgré " l’enthousiasme" dont il se vantait. Trois groupes de nos hommes ont délogé une section française de 100 hommes d’un bâtiment d’une gare. Ces derniers, il est vrai ouvrirent le feu sur le peu d’Allemands s’approchant, mais, nos hommes ne se laissaient pas intimider et lorsqu’ils étaient à une centaine de mètres, les Français tendirent un drapeau blanc, pour mettre leur vie et leur santé en sécurité. Par contre, les troupes allemandes étaient animées d’un héroïsme qui produisait les résultats les plus brillants.

 

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Dans ce combat, on eut l’impression que chez les Français, le tir des blessés était méthodique. De cette manière, un grand nombre de guerriers allemands ont laissé leur vie, parmi lesquels le colonel d’un régiment. Après ces sombres expériences, du côté allemand on est devenu prudent et on enlève les armes aux prisonniers français, avant de s’occuper d’eux. L’ambulance travaillait de manière exemplaire, la main dans la main. »

(Tiré d'un ouvrage allemand sur la guerre 1914.)

et un dernier témoignage, un rapport:

 

Rapport du capitaine Cochet Officier plus ancien survivant des 9e, 10e et 11e compagnie du 3e bataillon Sur les opérations du 20 août.

"Le 20 août à 4h 30 du matin, les 9e, 10e et 11e compagnie et la section de mitrailleuses étaient installées.

La ligne sud du bois de Monacker au sud-ouest de Guebling. La 9e compagnie occupait la lisière nord du bois avec un peloton à la lisière est, puis venait sur une ligne occupée par la section des mitrailleuses : La 11e compagnie qui avait passé une partie de la nuit à construire d'assez forts retranchements et la 10e compagnie étaient à droite de la ligne.

Vers 6h les allemands attaquèrent de face et sur notre flanc gauche car ils garnissaient toute la lisière est du bois et nous tiraient dans le dos pendant que la mitraille balayait le plateau

.

Dès le début le commandant Breyton fut blessé d'une balle dans l'épaule et tué d'une balle dans la bouche.

Le lieutenant Reboul de la 9e compagnie fut blessé, le sous-lieutenant Artis de la 11e compagnie grièvement blessé.

Dans dix minutes les 3 compagnies furent décimées et les quelques hommes qui restèrent se mélangèrent au 55e RI.

Les hommes furent recueillis par l'adjudant Bourrel au village de Kerprich ou ils occupèrent une tranchée en avant du village. Les seuls officiers survivants de ces 3 compagnies du bataillon sont : le capitaine Cochet et le sous-lieutenant Leccia. Ceux qui se sont particulièrement distingués sont :

A la 9e compagnie. Le soldat Martin qui le bras traversé par une balle, est resté sur la ligne de feu, encourageant ses camarades. Le soldat Lissorgues qui est resté le dernier dans la tranchée avec son sergent, et battant en retraite sur un terrain découvert et battu par la mitraille, s'est retourné plusieurs fois pour faire le coup de feu.

A la 10e compagnie. Tous les gradés ont disparu à l'exception des caporaux et le capitaine Cochet lui-même, cette compagnie va disparaître sous les rafales sans pouvoir aider aucun homme.

A la 11e compagnie, il n'est revenu aucun survivant des 120 hommes composant les 1er et 2e section qui étaient dans les tranchées et qui étaient commandées par l'adjudant chef Bourgues et le sergent-major "Talaise".

Ce dernier paraît-il grièvement blessé avait été évacué sur l'hôpital de Parroy.

Le capitaine Cochet demande tout spécialement que ce sous-officier remarquable soit proposé pour sous-lieutenant, s'il est encore vivant.

Le sous-lieutenant Artis de la 11e compagnie a été également très grièvement blessé, mais on a aucune nouvelles de lui.

L'adjudant "Bonnet", a rallié quelques survivants de la compagnie, a essayé de les ramener au feu, puis a été entraîné par le mouvement de retraite de fractions du 55e.

Le sergent Poli s'est particulièrement distingué par son calme et son sang-froid et son courage, ramassant des cartouches auprès des blessés pour les distribuer à ceux qui en manquaient et reste le dernier dans la tranchée."

Dombasle, le 22 août 1914

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bonne lecture et

à suivre...

 

 

 

 

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quelques autres témoignages à trouver dans ce livre

 

[h1]La guerre à coups d'hommes : la bataille des frontières de l'Est : Lorraine, août-septembre 1914 / Patrick-Charles Renaud.[/h1]

 

 

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extrait...

 

 

Burlioncourt, en Lorraine annexée, le 20 août 1914 en fin de matinée:

 

malgré la canonnade, les coups de fusil et le fracas des mitrailleuses, le général Foch reste impassible. Autour de lui, près d'une centaine d'hommes de la Division d'acier tergiverse tout en gesticulant au milieu du couloir de Morhange que la guerre vient d'embraser.

 

Non loin, des villages brûlent tandis que des soldats français refluent parmi les charrettes et les canons tirés par des chevaux écumant de sueur... Après avoir éprouvé la joie et la fierté de libérer quelques villages de la Lorraine, annexée depuis 44 ans, la 2earmée avait cru prendre l'ascendant sur un adversaire qui feignait de battre en retraite pour mieux l'attirer vers un terrain qu'il avait choisi, repéré et diaboliquement fortifié...

 

 

La couverture -- Foch à la tête du 20e corps -- Nous allons reprendre l'Alsace et la Lorraine ! -- Les artilleurs de la Division de fer -- Les fantassins de Nancy montent en ligne -- Je monte la garde en couverture -- Nous sommes véritablement une armée de pouilleux ! -- La guerre sera courte -- L'affaire de Lagarde --

 

La mobilisation du 15e corps -- Les Provençaux en Lorraine -- Tension sur la frontière -- Pourquoi enlever Lagarde -- Un zeppelin dans la nuit -- Et si nous devons nous sacrifier -- Si j'en rencontre un, je le brûle ! -- Je n'ai fait que mon devoir de soldat -- Que l'affront soit réparé -- C'est pour brûler un château qu'ils font tuer mes soldats... -- Le bois du Haut-de-la-Croix -- Le matin d'Austerlitz -- On appréhende l'approche d'un combat --

 

Cette fois, c'est la guerre dans toute sa terreur -- Les Provençaux montent à l'assaut -- Ne me laissez pas crever ici ! -- Des artilleurs frustrés -- Hardi les gars ! Ils foutent le camp ! -- Mission auprès du 16e corps -- États d'âme au 20e corps -- Retour à Lagarde -- Une femme demande à embrasser le premier officier français qui se présente -- Deutsch-Avricourt -- Douche froide à Château-Salins -- L'ennemi cède devant nous -- D'est en ouest --

 

Liaison avec la 1re armée -- À l'assaut de Loudrefing -- Le couloir de Sarrebourg -- Des réservistes en couverture à l'ouest -- La 68e division franchit la Seille -- Enfin ! La voilà franchie, cette fameuse frontière allemande -- Ce soir nous coucherons à Morhange -- La place forte de Morhange -- Depuis cinq jours nous n'avons pris aucun repas -- C'est toute la France qui est derrière nous ! --

 

Les artilleurs de la Division d'acier -- Dieu, quelle boucherie -- À l'est, avec la Division de fer -- Nous sommes accueillis par une nuée d'obus -- Un ennemi invisible -- Baptême du feu pour les chasseurs alpins -- De Vergaville à Bidestroff -- Le bois de Saint-Médard -- Le 16e corps n'avance plus -- Foch fait la sourde oreille -- Choc à Morhange -- Aux avant-postes avec le 37e de ligne -- L'ambulance de Bellange -- Nous ne savons plus de quel côté vient la mitraille --

 

C'est terrible ce qui se passe plus loin ! -- Le général Foch se résout à battre en retraite -- Si, ce matin-là, les Boches avaient été hardis -- La 68e division en déroute -- L'hécatombe de Dieuze -- Nous allons probablement tous y rester s -- En avant ! En avant ! -- Mon frère me suppliait de ne pas l'abandonner -- Et l'artillerie française ? -- La marche, par les routes, est pénible -- La retraite -- Si les Allemands avaient lancé leur cavaleries --

 

On ne pensait pas avoir à se replier -- Nous marchions au sacrifice -- Un vaste brasier rouge illumine la plaine -- Je n'ai rien compris à cette bataille -- Nous avançons comme des bêtes -- Les Allemands repoussés à Nomeny -- Les réservistes prennent la relève -- Des cavaliers oscillent sur l'horizon -- Pendant six heures nous sommes restés dans les avoines -- Le colonel agite son képi pour accélérer l'allure -- Nancy est sauvé d'une invasion certaine -- Sur la défensive -- Les Allemands pillent le château de Lyautey

 

 

caporal Lercher qui résume bien ce début de guerre : Nous sommes dans une bataille. Dieu quelle boucherie !

extrait provenant de l'université de Stanford où ce livre est étudié

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Invité §pie367dg

quelques autres témoignages à trouver dans ce livre

 

[h1]La guerre à coups d'hommes : la bataille des frontières de l'Est : Lorraine, août-septembre 1914 / Patrick-Charles Renaud.[/h1]

 

 

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extrait...

 

 

Burlioncourt, en Lorraine annexée, le 20 août 1914 en fin de matinée:

 

malgré la canonnade, les coups de fusil et le fracas des mitrailleuses, le général Foch reste impassible. Autour de lui, près d'une centaine d'hommes de la Division d'acier tergiverse tout en gesticulant au milieu du couloir de Morhange que la guerre vient d'embraser.

 

Non loin, des villages brûlent tandis que des soldats français refluent parmi les charrettes et les canons tirés par des chevaux écumant de sueur... Après avoir éprouvé la joie et la fierté de libérer quelques villages de la Lorraine, annexée depuis 44 ans, la 2earmée avait cru prendre l'ascendant sur un adversaire qui feignait de battre en retraite pour mieux l'attirer vers un terrain qu'il avait choisi, repéré et diaboliquement fortifié...

 

 

La couverture -- Foch à la tête du 20e corps -- Nous allons reprendre l'Alsace et la Lorraine ! -- Les artilleurs de la Division de fer -- Les fantassins de Nancy montent en ligne -- Je monte la garde en couverture -- Nous sommes véritablement une armée de pouilleux ! -- La guerre sera courte -- L'affaire de Lagarde --

 

La mobilisation du 15e corps -- Les Provençaux en Lorraine -- Tension sur la frontière -- Pourquoi enlever Lagarde -- Un zeppelin dans la nuit -- Et si nous devons nous sacrifier -- Si j'en rencontre un, je le brûle ! -- Je n'ai fait que mon devoir de soldat -- Que l'affront soit réparé -- C'est pour brûler un château qu'ils font tuer mes soldats... -- Le bois du Haut-de-la-Croix -- Le matin d'Austerlitz -- On appréhende l'approche d'un combat --

 

Cette fois, c'est la guerre dans toute sa terreur -- Les Provençaux montent à l'assaut -- Ne me laissez pas crever ici ! -- Des artilleurs frustrés -- Hardi les gars ! Ils foutent le camp ! -- Mission auprès du 16e corps -- États d'âme au 20e corps -- Retour à Lagarde -- Une femme demande à embrasser le premier officier français qui se présente -- Deutsch-Avricourt -- Douche froide à Château-Salins -- L'ennemi cède devant nous -- D'est en ouest --

 

Liaison avec la 1re armée -- À l'assaut de Loudrefing -- Le couloir de Sarrebourg -- Des réservistes en couverture à l'ouest -- La 68e division franchit la Seille -- Enfin ! La voilà franchie, cette fameuse frontière allemande -- Ce soir nous coucherons à Morhange -- La place forte de Morhange -- Depuis cinq jours nous n'avons pris aucun repas -- C'est toute la France qui est derrière nous ! --

 

Les artilleurs de la Division d'acier -- Dieu, quelle boucherie -- À l'est, avec la Division de fer -- Nous sommes accueillis par une nuée d'obus -- Un ennemi invisible -- Baptême du feu pour les chasseurs alpins -- De Vergaville à Bidestroff -- Le bois de Saint-Médard -- Le 16e corps n'avance plus -- Foch fait la sourde oreille -- Choc à Morhange -- Aux avant-postes avec le 37e de ligne -- L'ambulance de Bellange -- Nous ne savons plus de quel côté vient la mitraille --

 

C'est terrible ce qui se passe plus loin ! -- Le général Foch se résout à battre en retraite -- Si, ce matin-là, les Boches avaient été hardis -- La 68e division en déroute -- L'hécatombe de Dieuze -- Nous allons probablement tous y rester s -- En avant ! En avant ! -- Mon frère me suppliait de ne pas l'abandonner -- Et l'artillerie française ? -- La marche, par les routes, est pénible -- La retraite -- Si les Allemands avaient lancé leur cavaleries --

 

On ne pensait pas avoir à se replier -- Nous marchions au sacrifice -- Un vaste brasier rouge illumine la plaine -- Je n'ai rien compris à cette bataille -- Nous avançons comme des bêtes -- Les Allemands repoussés à Nomeny -- Les réservistes prennent la relève -- Des cavaliers oscillent sur l'horizon -- Pendant six heures nous sommes restés dans les avoines -- Le colonel agite son képi pour accélérer l'allure -- Nancy est sauvé d'une invasion certaine -- Sur la défensive -- Les Allemands pillent le château de Lyautey

 

 

caporal Lercher qui résume bien ce début de guerre : Nous sommes dans une bataille. Dieu quelle boucherie !

extrait provenant de l'université de Stanford où ce livre est étudié

 

 

Sans vouloir faire un vilain jeu de mots par ailleurs trop facile, le titre de cet ouvrage, aurait bien supporté le titre " La guerre à coûts de hommes " ( en bon

français )

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REPORTAGE: Bataille des Frontières V

 

Cadre de la Bataille de Longwy: bataille de Mercy le Haut

 

nous continuons en remontant le front de lorraine dans ses journées du 21 et 22 août 1914, la bataille des frontières est à elle seule une multitude

de batailles toutes séparées l'une de l'autre mais complètement imbriquées dans le résultat final

 

Mercy le roman ne manquera pas à cet aspect

 

 

22 08 1914.png

 

 

Coté français

 

3h00 : Départ de la 7ème Division de Cavalerie française (7ème DC), direction audun le roman, avec une double mission:

 

Rentrer dans le Luxembourg occupé par les Allemands, en passant par Audun-le-Roman. En cas de difficulté, elle doit rechercher un passage plus à l’ouest, vers Longwy.

Assurer la couverture de l’aile droite des armées françaises, dans la région de Malavillers, Anderny, Audun-le-Roman.

 

La 7ème division de cavalerie est appuyée par le 29ème BCP (bataillon de chasseurs à pied).

 

 

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Départ aussi du 161ème RI, renforcé par le 3ème bataillon du 150ème RI. Ordre de mission : occuper Mercy-le-Haut

 

 

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Coté allemand

 

Vers 5h00, le régiment allemand IR 173 Il a reçu pour mission de se diriger vers Mercy-le-Haut en traversant le bois de la Grande Rimont et le bois communal de Mercy-le-Haut.

 

Le IR 173 doit ensuite attaquer le village en liaison avec le IR 30 qui doit arriver en passant par Audun-le-Roman et Malavillers.

 

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Le 30ème régiment d'infanterie allemand (IR30) quitte son bivouac et prend la direction d’Audun-le-Roman.

 

Vers 8h00 ont lieu premiers échanges de tirs avec des patrouilles françaises du 29ème BCP.

 

 

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Les 6 compagnies du 29ème BCP se sont réparties sur plusieurs positions : les 2ème et 6ème compagnies dans Audun, la 5ème compagnie dans le bois d’Audun, la 6ème compagnie à Anderny, et les 2 dernières compagnies (1 et 3) en deuxième échelon, prêtes à intervenir en cas de besoin.

 

Pour mémoire: 1 compagnie = 250 hommes.

 

 

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Vers 9h00, le gros de la 7ème DC suivait à 3 ou 4 km en arrière. La division se trouvait à la hauteur du bois de Murville, lorsqu’elle fut la cible de tirs d’artillerie de batteries allemandes en position à l’est d’Audun. Conformément aux ordres reçus, le général commandant la 6ème DC décida alors de chercher un autre chemin vers le Luxembourg et fit demi-tour etprend la direction de Xivry-Circourt.

 

 

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C’est à ce moment-là que le 29ème BCP eut à affronter plusieurs régiments allemands qui attaquèrent Audun et Anderny par l’est.

 

Il s’en suivit plusieurs combats séparés, où chaque compagnie du 29ème BCP eut à combattre un ennemi en très forte supériorité numérique et appuyé par un régiment d’artillerie de campagne.

 

 

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Les principaux combats eurent lieu dans Audun-le-Roman, à la lisière du bois d’Audun, à Anderny, et, en fin de matinée, à Malavillers.

 

Vers 10h00, le détachement du 29ème BCP a évacué Audun, où il combattait à 1 contre 10, contre deux régiments allemands: le IR30, et le IR135 qui est venu en renfort.

 

 

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A Anderny, la 4ème Compagnie se bat d'abord contre les cavaliers allemands du 12ème régiment de chasseurs à cheval (Jäger zu Pferd Nr12, JzP 12). Ceux-ci sont bientôt renforcé par le 144ème régiment d'infanterie allemand (IR144).

 

Les combats sont très violents. La compagnie se replie vers Malavillers. Des soldats sont retranchés dans les maisons à l'entrée du village. Les Allemands, appuyés par l'artillerie, pénètrent dans le village. De nombreuses maisons prennent feu sous l'effet des tirs d'artillerie. D'autres sont incendiées par les Allemands.

 

Une vingtaine de chasseurs français qui protégeaient le repli sont attaqués par un groupe de cavaliers allemands. Bilan du combat: environ 15 à 20 chasseurs français sont tués.

 

 

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Le colonel Nicloux décrit ainsi le combat d’Anderny :

Le 29ème BCP dans la Grande Guerre

 

 

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Début de citation

Plus à l’est, la 4ème compagnie, qui est également en 1er échelon, doit assurer la flanc-garde du bataillon sur la droite de son dispositif. Elle gagne Anderny en passant par Bonvillers, puis cherche à prendre pied sur la crête au nord-est du village.

Or, à la sortie du bourg, à moins de 200 mètres, elle est accueillie par une vive fusillade partant du cimetière. L’ennemi y est déjà installé mais elle s’en empare à 10 heures 15 par une attaque vigoureuse de trois sections et s’y installe défensivement.

Malheureusement, l’arrivée de forces très supérieures en nombre, se dirigeant vers Malavillers (le IR 144), l’oblige à abandonner la position, au grand désespoir de la population qui l’avait accueillie à bras ouverts.

En dépit des forces auxquelles elle doit faire face, la 4ème compagnie parvient à couvrir le repli des autres compagnies par l’est de Malavillers, car partout l’évolution de la situation interdit aux unités de rester sur place.

Ayant finalement reçu son ordre de repli, son commandant, le capitaine Haca, décide de se replier par le bois communal (petit bois à l’ouest d’Anderny, entre Anderny et Mont-Bonvillers). Le mouvement, bien qu’exécuté sous le feu de l’infanterie et des mitrailleuses, se déroule sans pertes, mais l’escouade qui assure l’arrière garde est l’objet d’une charge de trois escadrons allemands (il s’agit du 12ème régiment de chasseurs à cheval allemand.).

Sur les 17 gradés et chasseurs engagés, 13 restent sur le terrain, non sans avoir formé un carré et s’être défendus jusqu’au bout, contrent des cavaliers qui les sabraient.

 

Du côté allemand, l’historique du 12ème régiment de chasseurs à cheval donne le témoignage de deux cavaliers allemands qui participèrent à ce combat : le sous-lieutenant Monzischewitz, 3ème escadron, et le sous-officier Schulz, du 5ème escadron..

 

Voici celui du sous lieutenant Monzichewitz:

 

 

Je fus envoyé avec 10 cavaliers sur la hauteur 355 qui se trouve au Sud-Est de Malavillers. Ma mission était de surveiller vers le Nord. En fait, je pensais occuper un poste tranquille, où je pourrais flâner pendant les prochaines 6 à 8 heures. Je dissimulais les onze chevaux dans une haie et je m’installais avec mes hommes sur la hauteur dans un bosquet.

Tranquillement, je sortis mon carnet de route, et je voulais commencer à écrire tout en prenant un petit déjeuner. C’est alors que survinrent les premiers signes d’un grand spectacle, qui allait maintenant se développer devant mes yeux. A mes pieds, à la lumière du soleil levant et dans une légère brume, se trouvait la vallée d’Audun-le-Roman, plus à gauche Malavillers, et au loin la grand route Murville/Mercy-le-Haut, face à moi la grande forêt de la Grande Rimont, partout des champs de blé, ici ou là des vaches. J’étais dans le même état d’esprit qu’un jour de repos pendant des manœuvres.

Avec mes jumelles, je pus voir à la sortie Ouest de Malavillers deux cavaliers, uniformes sombres, sans lances, donc des Français. Ils s’approchèrent avec précaution du village, et patrouillèrent pendant ¼ heure dans les champs de blé autour du village.

Bientôt arrivèrent 4 autres cavaliers, puis encore 10 autres, et finalement, tout un escadron, qui, sur un large front, en ordre dispersé, avança à droite et à gauche de la route en direction d’Audun-le-Roman (avant-garde de la 7ème division de cavalerie française, qui se dirige vers Audun). A l’est du village se tenait encore une patrouille qui venait d’Audun. Avec mes jumelles, je vis qu’il s’agissait de dragons badois. Ils disparurent, lorsque les Français furent à 200 m d’eux.

Le plus vite possible, je me fis donner une carabine de mon caporal, et je tirais dans le groupe de Français lancés à la poursuite des dragons. Comme piqué par le diable, ils firent demi-tours et galopèrent derrière la hauteur. Après ¼ d’heure, des coups de feu furent tirés du petit bois de Murville.

Puis on vit bientôt sur les hauteurs des troupes venir de Murville, largement dispersées dans les champs de blé. Ils prirent la direction du bois à l’Est de Mercy-le-Haut. Ici et là tombait maintenant un tirailleur. Une compagnie du 5ème chasseurs (5ème régiment de chasseurs à pied allemand, à confirmer) sortit d’Audun-le-Roman et se mit en ordre de bataille. Les Français se mirent à plat ventre et ouvrirent un feu violent.

Des deux côtés, on vit les patrouilles de cavalerie disparaitre, les Français avancèrent lentement, se renforcèrent, les chasseurs restèrent en position à l’Ouest d’Audun. A ce moment, à gauche derrière moi, les escadrons de mon régiment, ayant mis pied à terre, ouvrirent le feu sur les lignes de tirailleurs français dans le vallon. Une compagnie avança contre les escadrons, les tirs semblaient avoir peu d’efficacité des 2 côtés.

Tout d’un coup, la situation changea, lorsque juste à l’est de Malavillers, une batterie française s’avança et ouvrit le feu à quelques centaines de mètres sur nos chasseurs postés près d’Audun (artillerie de la 7ème DC). Les schrapnells étaient trop loin, les chasseurs profitèrent d’une pause dans le feu pour se retirer direction sud-est derrière le village.

A ce moment-là apparurent près de moi les premiers tirailleurs du 144ème régiment d’infanterie (IR144, allemand), suivi par le 1er bataillon, puis par le reste du régiment. Cette attaque de flanc dut rendre la situation intenable pour les compagnies ennemies qui se trouvaient plus bas à Malavillers.

Jusqu’à présent, j’avais observé tranquillement le déroulement des opérations. Tout changea lorsque 100 mètres derrière moi, deux shrapnells éclatèrent en l’air et leurs pluies de balles se dispersèrent en sifflant. J’eu peu de temps pour réfléchir, les coups suivants arrivèrent de loin …. Enfin les premiers tirs de notre artillerie !

A partir de maintenant, le déroulement des combats fut si rapide, que je n’ai plus un souvenir très précis. Maintenant, ma position sur le flanc gauche du régiment de chasseurs n’était plus justifiée. Je remontais à cheval avec ma patrouille, et je me dirigeais vers l’endroit où mon régiment avait pris position.

En chemin, les balles sifflèrent de nouveau autour de nous, venant de la droite. D’un point haut, j’aperçus mon régiment plus loin au sud d’Anderny, à la lisière du bois. A ma grande surprise, je vis les escadrons se mettre en mouvement et attaquer en direction du Bois Communal. Autant qu’on puisse se rendre compte, un escadron est en avant, suivi par les autres en ordre dispersé. L’attaque se faisait à partir de la hauteur 335 au sud-ouest d’Anderny.

Je vis et j’entendis tirer les fantassins français qui se trouvaient dans les taillis qui couvrent cette pente. On voit quelques Français courir en bas de la pente près du bois. Pour moi il est trop tard pour arriver à temps pour l’attaque. Je galopais aussi vite que possible avec ma patrouille en direction de la hauteur 135, et arrivais lorsque les escadrons revinrent en venant du sud-est. Une partie du dernier escadron mit pied à terre pour combattre. Je décidais de me joindre à ce groupe avec ma patrouille.

Nous vîmes à ce moment-là les derniers Français qui se repliaient dans le bois, mais nous reçûmes au même moment des coups de feu tirés près de nous à partir du bois communal. Pendant 10 minutes, nous nous battîmes contre les Français, puis ils disparurent, et le calme revint. Dans les taillis devant nous gisaient quelques soldats, ils appartenaient au 29ème chasseurs à pied.

Manifestement le régiment a eu à faire à une compagnie envoyée de Murville dans une direction sud-est en flanc-garde. Une partie des tirailleurs (français) avait pu se replier dans le bois, 18 Français étaient tombés, tués par les coups des lances ou le feu des carabines.

J’emmenai 2 prisonniers au point de rassemblement du régiment. C’est là que j’appris ce que nous avait couté notre baptême du feu : le colonel Freiherr von Nordeck blessé, l’officier aide de camp Regenberg tué. C’était un bon camarade et un excellent soldat. Le sous-lieutenant Unger est grièvement blessé, une balle ayant traversé l’omoplate et atteint le poumon. Deux maréchaux des logis sont grièvement blessés, l’un des deux mourra peu de temps après. Un homme du 5ème escadron a été tué, quelques autres blessés. Plusieurs chevaux sont tués.

 

Pendant que débutent les combats d’Autun le Roman, le 161ème RI arrive à Mercy-le-Haut et commence immédiatement à organiser la défense du village.

 

 

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Du coté allemand, le régiment allemand IR173 poursuit sa marche vers Mercy-le-Haut.

A 8h00, il traverse Serrouville, dont tous les habitants ont fui. Peu après, il pénètre dans le bois de la Grande Rimont.

 

Une ligne de défense est établie en bordure du village face au bois de Mercy : faisant toute la longueur du village, cette ligne est parallèle à la Quertille, elle passe à proximité de la chapelle de Notre-Dame de Luxembourg et du lavoir.

 

 

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Le cimetière fait partie de cette ligne: des créneaux ont été aménagés dans les murs.

Des tranchées sont creusées sur la crête de la Croix Colas, de part et d'autre de la route de Malavillers, à 400 m environ du village

Cette ligne est prolongée vers le Sud par une ligne de défense de long de la route Mercy-Murville, sur environ 500 m.

Le 1er Groupe du 40ème RAC (régiment d'artillerie de campagne) a été détaché auprès du 161ème RI. Les 12 canons de 75 sont mis en position à l’extérieur du village, à l’est de Mercy, sur la crête près de la Croix Colas. Cette position en hauteur lui permettra de tirer sur les troupes allemandes venant d’Audun-le-Roman et Malavillers.

 

Les 2ème et 3ème groupes du 40ème RAC (24 canons) ont pris position à l'est et à l'ouest de Joppécourt. Ils tirent par dessus la vallée de la Crusnes sur les troupes allemandes qui, après avoir pris Fillières défendu par le 154ème, se dirigent vers Ville-au-Montois.

 

 

 

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Le 161eme RI est en position de combat à Mercy-le-Haut. Il envoie 2 compagnies vers Malavillers pour aider le 29ème BCP à décrocher. Le 29ème BCP évacue Malavillers. Il a subi de lourdes pertes. Il se regoupe à Mercy-le-Haut et dirige vers Higny puis Xivry-Circourt. A 16h00, il repart en direction de Réchicourt.

A partir de sa position sur la hauteur de la Croix Colas, le 1er Groupe d'artillerie du 40ème RAC commence à tirer sur les troupes allemandes du IR 30 qui débouchent de Malavillers et progressent vers Mercy-le-Haut.

 

 

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En prévision du combat, le médecin-major du 161ème RI décide d’installer l’ambulance du régiment à l’arrière, à Higny . Il laisse un poste de secours dans la mairie de Mercy-le-Haut.

Le régiment allemand IR 173 continue la traversée du bois de la Grande Rimont, en direction de Mercy-le-Haut. Il progresse avec difficulté. Les 3.000 hommes du régiment doivent se mettre en file indienne dans les chemins forestiers. Le régiment traverse la voie de chemin de fer à l’emplacement du passage à niveau des Prés Onvaux, puis remonte vers Mercy en tournant à droite immédiatement après le passage à niveau.

 

 

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En prévision de la bataille, le médecin-major du IR 173 organise une ambulance dans la maison du garde-barrière.

Le régiment IR 173 débouche du bois de Mercy-le-Haut face à la chapelle de Notre Dame de Luxembourg. Ils prennent leur position de combat : une ligne de 1.500 m de long, le long de la lisière du bois de Mercy-le-Haut, face au village.

 

Un bataillon du 150ème RI quitte Joppécourt pour occuper et défendre Ville-au-Montois et engagé la bataille de ville au Montois

Les 2 groupes d'artillerie du 40ème RAC continuent de tirer par dessus la vallée de la Crusnes sur les troupes allemandes qui attaquent Ville-au-Montois puis Bazailles. Bénéficiant d'une très bonne visibilité, ils ont causé des pertes énormes aux troupes allemandes qui se battent entre Fillières, Ville-au-Montois et Bazailles: probablement plusieurs centaines de morts.

 

 

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Sans attendre l’arrivée du IR 30, retardé par les combats d'Audun-le-Roman et de Malavillers, le IR 173 engage les premiers combats contre les défenseurs de Mercy.

Les Allemands du IR 173 subissent des pertes importantes. Dans les champs, l’avoine et le blé n’ont pas été fauchés. Pour tirer, ils doivent se lever, ce qui les expose à découvert au tir des soldats français qui ont préparé leur ligne de défense face au bois.

 

 

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Plus au Sud, près de la route Mercy-Malavillers, la ligne de défense française établie sur la crête de la Croix Colas subit des tirs d’artillerie très violents. Ces tirs proviennent du régiment d’artillerie allemand FAR 70 et d'une partie du FAR 69. Ces régiments avaient reçu pour mission d’appuyer le IR 30. Ils suivent donc la progression du IR 30 entre Malavillers et Mercy. Le combat d'artillerie est inégal: environ 1,5 régiment d'artillerie coté allemand, contre un groupe du 40ème RAC (12 canons) côté français.

Mort du lieutenant Vastel près de la croix Colas. Pris sous le feu de l’artillerie allemande, le 1er Groupe du 40ème RAC doit quitter sa position près de la croix Colas. Il se replie à l’Ouest de Mercy, d'où il ne pourra pas tirer, n'ayant pas d'information sur la position des Allemands.

 

 

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Peu après, les fantassins français qui se trouvent en avant du village doivent se replier à leur tour vers le village. Ils prennent position derrière les murs des jardins et dans les maisons en bordure du village.

 

Le 154ème RI s’est replié de Fillières, où il a combattu contre 2 divisions de réserve allemandes (soit environ 14.000 hommes). Il a re-traversé la vallée de la Crusnes à proximité du moulin de Bernawé, et remonte les pentes de la vallée vers le sud.

Arrivé sur le plateau, il se reforme près de Joppécourt. Vers 14h00, il reçoit l’ordre de défendre les lisières nord de Joppécourt afin de protéger les 2 groupes d’artillerie du 40ème RAC. Il se déploie à la lisière nord de Joppécourt, entre Joppécourt et le bois.

Les 2 batteries du 40ème RAC continuent de tirer, en direction de Ville-au-Montois, et causant des pertes considérables aux Allemands qui attaquent Ville-au-Montois puis Bazailles.

 

 

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Pour faire taire ces batteries, le commandement allemand forme un détachement composé d’une partie des troupes qui ont pris Fillières (IR67, IR145, FAR69) et lui donne l’ordre d’attaquer Joppécourt. Ce détachement s’engage dans la vallée de la Crusnes, traverse la rivière, et remonte les pentes vers Joppécourt.

Vers 15h00, deux bataillons du 155ème RI passent à l’ouest de Joppécourt, par la ferme de Martinfontaine, descendent dans la vallée de la Crusnes, franchissent la rivière sur une passerelle au sud de Bazailles, et remontent les pentes du versant nord.

 

 

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Le IR 30 poursuit sa progression le long de la route Malavillers-Mercy. Vers 15h00, il prend position sur la crête de la croix Colas. Les mitrailleuses du régiment sont installées à proximité immédiate de la Croix Colas. De cette hauteur, elles sont bien placées pour tirer sur la ligne de défense française installée aux sorties de Mercy vers Malavillers et Murville.

Les fantassins allemands du IR 30 dépassent la Croix Colas et attaquent Mercy. Eux aussi sont gênés par l’avoine et le blé sur pied. Ils subissent de très lourdes pertes. Quatre officiers sont tués. Les fantassins français sont retranchés derrière les murs des jardins. Ils sont appuyés par la section de mitrailleuses du Lieutenant du Champ qui a fortifié la maison Rodicq (la tuilerie). Cette section de mitrailleuse contrôle toute la zone entre la sortie du village et la croix Colas.

 

Peu après, les fantassins français sortent de leurs retranchements et tentent une contre-attaque en direction de la Croix-Colas. A leur tour, après avoir franchi quelques centaines de mètres au plus, ils subissent des pertes importantes et doivent revenir à leurs lignes de défense en bordure du village.

 

 

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Vers 15h00, les Allemands ont traversé la vallée de la Crusnes. Ils débouchent de la vallée et arrivent sur le plateau, menaçant les 2 groupes d’artillerie du 40ème RAC. Ils sont appuyés par un groupe d’artillerie du FAR69. Ils attaquent le 154ème RI.

Vers 16h00, le 26ème BCP, tenu en réserve à Joppécourt, reçoit l’ordre de contre-attaquer les forces allemandes. Les chasseurs sortent de Joppécourt et attaquent en direction du bois et de la route Mercy-Morfontaine (la D952). Ils subissent de très lourdes pertes, dues principalement aux tirs d’artillerie du FAR 69.

Le capitaine Bécourt, gendre du maréchal Foch, et capitaine au 26ème BCP, est tué au cours de cet assaut, à proximité du lieu-dit La Mare sur la D952

 

 

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Le régiment d’artillerie allemand FAR 70 est chargé d’appuyer le IR 30. Il l’a suivi dans sa progression vers Audun-le-Roman puis Malavillers. Arrivé à proximité de Mercy, il prend position sur la ligne de crête de la Croix Colas, et tire des obus sur le village. 2 maisons s’enflamment, plusieurs sont fortement endommagées, le clocher de l’église - considéré comme un éventuel poste d'observation pour l'ennemi - est visé et touché.

 

Pendant ces combats, plusieurs régiments d’infanterie et d’artillerie allemands, ainsi que la division de cavalerie allemande KD 6, contournent la position de Mercy-le-Haut par le Sud-Ouest.

 

L’objectif de l’état-major allemand est de couper la retraite des défenseurs de Mercy-le-Haut. Cette manœuvre est facilitée par l’absence de 7ème division de cavalerie française.

 

 

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Grâce à la contre-attaque des chasseurs français du 26ème BCP, les batteries du 40ème RAC - dont les caissons sont vides - ont pu se replier.

Les fantassins français qui se battent près de Joppécourt se replient alors vers la ferme du Chanois, une grosse ferme isolée qui se trouve à 2 km au sud de Joppécourt. Ils organisent une ligne de défense à proximité de la ferme.

Vers 19h00, les Allemands rentrent dans Joppécourt.

 

En fin d'après-midi, les défenseurs français de Mercy-le-Haut se trouvent presque entièrement encerclés

 

Peu après 17 heures, le 161ème reçoit l’ordre de se replier vers Xivry-Circourt.

Au Sud-Est du village, la section de mitrailleuses du Lieutenant du Champ, retranchée dans la maison Rodicq (la tuilerie), continue de tirer jusqu'au dernier moment. Elle empêche ainsi les Allemands du IR 30 de rentrer dans le village, permettant le repli du 161ème RI.

Le 161ème RI sort de Mercy et recule vers Boudrezy. Arrivé à la hauteur de Boudrezy, il reçoit l’ordre de contre-attaquer. Cette contre-attaque, effectuée sans appui d’artillerie, provoque de nombreuses pertes. Les soldats français réussissent néanmoins à revenir jusqu'à le route Mercy-Boudrezy, certains réussissent à traverser cette route et à atteindre le cimetière de Mercy. Mais, arrivés à ce point, ils doivent se replier.

 

 

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Vers 19h00, les Allemands des IR 144 et IR 135 ont pris Higny, puis Preutin.

Xivry-Circourt est sous le feu de l’artillerie de la division de cavalerie allemande (la KD6).

De nombreux Français ont été faits prisonniers sur la route Mercy-Preutin-Higny. Des charrettes réquisitionnées par les Français pour transporter les blessés y ont été attaquées par des uhlans.

Le passage par Xivry-Circourt est devenu impossible pour les Français. Plus au Nord, la ferme du Chanois est prise par les Allemands. Pour se replier vers l'Ouest, il reste donc aux défenseurs de Mercy-le-Haut un étroit couloir de moins de 3 km de large, entre Xivry-Circourt et la ferme du Chanois. Heureusement pour les Français, vers 20h00, la nuit est tombée.

 

 

19.jpgaprès la guerre

 

De plus, l'Etat-Major allemand n'est probablement pas informé que les troupes engagées à Fillières sont arrivées à la ferme du Chanois, et qu'il suffirait d'avancer de 3 km pour couper la retraite et faire prisonnier tout le 161ème régiment d'infanterie français.

Le repli des défenseurs de Mercy-le-Haut s’effectue à travers champs, en passant à proximité de Boudrezy, puis en traversant la Piennes entre Xivry-Circourt et Mercy-le-Bas.

Le régiment se dirige ensuite sur Spincourt et Etain où il se trouve rassemblé le 23, à 5 heures du matin, ayant effectué une marche de nuit de 28 kilomètres.

 

Vers 19h00, les Allemand ont pris Joppécourt. Les chasseurs du 26ème BCP, renforcés par quelques éléments des 150ème, 154ème, et 155ème RI établissent une ligne de défense près de la ferme du Chanois, le long de la route qui va de Boudrezy à Mercy-le-Bas.

Après un combat de 2 heures environ, ils se replient vers l’Ouest. C'est le 26èmeBCP qui assure l'arrière-garde.

 

 

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A Mercy-le-Haut, le IR 30 installe son cantonnement : le 3ème bataillon est dans le village, les 1er et 2ème bataillons bivouaquent le long de la route Mercy-Boudrezy.

Le IR 173 cantonne sur ses positions de combat, dans la plaine entre Mercy-le-Haut et les bois communaux, autour du lieu-dit Saint-Genest. Le régiment d’artillerie FAR 69 cantonne à proximité immédiate de la route Mercy-Morfontaine, au lieu-dit La Mare.

 

Les régiments allemands qui ont pris Higny, Preutin et Xivry-Circourt (IR 135, IR 144, KD6) cantonnent à la sortie Ouest de Xivry-Circourt (route de Réchicourt), et près de Preutin.

Les bataillons du IR 67 qui ont combattu à Fillières et à la ferme du Chanois restent sur place, près de la ferme du Chanois.

 

Les pertes totales tuées, blessées et prisonniers sont de 1 300 pour les français et de + de 700 pour les Allemands

Ps, les liens suivront au prochain poste

bonne lecture et

à suivre.....

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TEMOIGNAGES: Bataille des frontières

 

Cadre de la bataille de Longwy: Bataille de Longwy: Mercy le haut/ Audun le Roman

 

témoignage de Gaston Guerin tiré du livre: "en passant par la Lorraine" dans les chasseurs du 29BCP

 

 

Le 21 août, nous nous dirigeons vers la ligne de feu en direction du nord ou nous atteignons Affleville. Les maisons incendiées par l’ennemi fument encore avec leur odeur de roussi et dressent leurs charpentes calcinées comme de grands bras noirs. La population de Piennes, restée sur place, nous réserve un chaleureux accueil.

 

Le samedi 22 août, nous nous installons finalement à Malavillers où nous nous heurtons aux détachements allemands. Pour couvrir l’aile droite de la septième division de cavalerie,, nous occupons Audun le Roman, trois kilomètres plus avant tandis que le 25ème BCP est engagé à Pierrepont, près de Longuyon. Pendant ce temps, le gros de l’armée se repliait vers Spincourt.

Il est six heures du matin et nous savions l’ennemi à quatre kilomètres après Audun le Roman. Nous étions en position dans un verger, protégés par un petit mur de clôture, accompagnés d’une compagnie de chasseurs cyclistes, des chasseurs à cheval et des cuirassiers. Les obus éclataient au dessus de nos têtes et leurs impacts se rapprochaient dangereusement pendant que nous avancions en nous collant chaque fois contre terre pour éviter les éclats. Tout ayant quand même une fin, le tir s’arrêta aussi vite qu’il avait commencé.

Passant à travers les champs non moissonnés, nous atteignions enfin un bois et nous y installions en tirailleurs sur la lisière nord, invisibles derrière les taillis. L’ennemi, inconscient du danger arriva alors au sommet de la colline, en formation d’une colonne par quatre, commandé par un officier à cheval et précédé de trois rangs de tirailleurs. La cible est trop belle. Nous attendons qu’ils soient à quatre cent mètres pour ouvrir le feu. L’officier tombe le premier et la colonne subit de lourdes pertes pendant qu’elle se déploie.

Nous recevons à notre tour les balles allemandes, mais faisons feu sur ceux qui se découvrent, avançant par petits bonds à notre rencontre. Trois de nos compagnies parviennent à occuper Audun le Roman pendant qu’une quatrième prend Anderny. L’artillerie adverse devait décider du sort de la bataille. Une pièce de 77, installée sur la crête, se mit soudainement à nous mitrailler abattant arbres et branchages, rendant notre position bien précaire. Nous n’avions même pas de mitrailleuses. Mais ces deux jours avaient suffi pour détruire le village et tuer beaucoup de ses habitants.

 

L’ennemi avait été contenu. Nous avions rempli notre mission et pouvions faire retraite à notre tour jusqu’à Spincourt où nous arrivions le 22 août. Nous ne savions pas encore que l’ennemi, furieux de notre résistance tirera sur les civils restés sur place et mettra méthodiquement le feu à Spincourt

 

Le lieutenant Grosdenis est officier au 19ème bataillon de chasseurs à pied. Il a écrit un carnet de campagne rédigé au jour le jour. Ce carnet, écrit sur le vif, permet de revivre les combats d'août 1914.

 

.... Nous nous sommes approchés d'un petit bois à environ 300 m en arrière d'une crête. Brusquement les balles sifflent.

On se couche, j'essaie de me relever, cela siffle de plus belle, mes chasseurs me font coucher. Dix minutes passent, notre mitrailleuse entre en action, je fais un bond, huit chasseurs me suivent.

On reçoit des balles de partout, devant, derrière, en flanc. Des blessés en masse. Le commandant m'expédie sur la droite baïonnette au canon.

Au bruit, alors je me redresse vers le nord. On se fusille à 30 m. Enfin c'est l'assaut, la charge, tout se sauve devant nous.

Des prisonniers, des morts, des blessés. Des Allemands lèvent la crosse, puis tirent, on les fusille impitoyablement.

On prend des trophées.

Quelle hécatombe. 50% de l'effectif hors de combat, 2 capitaines indemnes.

..... Ma compagnie est réduite à 126 hommes (pour mémoire: effectif normal = 250 hommes). Nous restons à deux sous-lieutenants. .....

Le capitaine Jean de la Taille commandait le 2ème escadron, 12ème régiment de chasseurs à cheval, au combat de Landres, 22 août 1914, après-midi. C'est lui qui a affronté avec son escadron la 6ème division de cavalerie allemande (KD6) qui progressait vers Xivry-Circourt pour encercler les défenseurs de Mercy-le-Haut.

 

 

Une division de cavalerie ennemie est signalée. Le 2e escadron a, vers 16 heures, un engagement très chaud avec deux escadrons et demi de dragons badois, composant l'avant-garde de cette division.

Le capitaine de la Taille, commandant cet escadron, a rédigé le rapport suivant :

« Etant à Landres, j'ai reçu l'ordre, vers 14 heures, de faire replier mes postes et, vers 16 heures, de me replier moi-même sur la brigade, dans la direction de Xivry-Gircourt, tout en la couvrant sur sa droite.

« Je me portai dans une direction un peu à l'ouest de Domprix, en passant à travers champs, mais vains me heurter à des lignes de chemins de fer non portées sur la carte. Pour les franchir, je dus revenir en arrière vers le pont de Piennes, qui traverse les voies ferrées (route de Landres à Bouligny).

« Quelques minutes avant de prendre cette détermination, j'avais aperçu, sur la route de Norroy-le-Sec à Landres, deux escadrons et demi ennemis qui avaient d'ailleurs fait demi-tour en me voyant.

« En arrivant au pont de Piennes, je les vis rangés en bataille derrière la partie du village située à l'est des voies ferrées. Je passai le pont, attentif à ce que ferait l'ennemi.

Attaqué à pleine allure par lui presque immédiatement, je fis demi-tour. Un grand nombre de chevaux de mon escadron furent renversés par le choc qui s'était produit sur un terrain en pente défavorable pour nous. Je vis entre autre, pied à terre, M. D'HALEWYN, dont le cheval avait été tué.

« Malgré le désordre jeté dans l'escadron par la chute de ces chevaux, il y eut néanmoins une chaude mêlée dans laquelle l'ennemi a dû avoir des pertes égales aux nôtres, mais le terrain lui resta et un grand nombre de nos blessés, dont les sous-lieutenants D'HALEWYN et FLOCON, demeurèrent entre ses mains. Nous fîmes un prisonnier et ramenâmes quelques chevaux de prise. Nous avons retraité le soir sur Senon, où nous avons cantonné. »

Se sont distingués :

- Le maréchal des logis GOBÉE, qui a reçu cinq coups de lance, a abattu trois ennemis et est revenu le dernier du combat ;

- Le maréchal des logis PEYRARD, atteint de trois coups de lance et qui tua un sous-officier ennemi d'un coup de pointe ;

- Le maréchal réserviste CHARLES, qui, dans la mêlée, abattit trois adversaires.

 

Historique du 70ème régiment d'artillerie de campagne allemand (FAR 70)

Nom complet : Königlich Preußisches 4. Lothringisches Feldartillerie-Regiment Nr. 70

 

Pour mémoire :

Un régiment d’artillerie allemand compte 36 canons. Il se compose de 2 groupes de 18 canons chacun. Chaque groupe est désigné par le chiffre romain I ou II, accolé au numéro du régiment : le I/70 et le II/70. Chaque groupe se compose de 3 batteries de 6 canons, chaque batterie étant désignée par des chiffres arabes 1/70, 2/70, 3/70, 4/70, 5/70, 6/70.

Le FAR 70 est équipé de 36 canons de 77.

Le 22 août 1914, le régiment est engagé à Audun-le-Roman, Malavillers, Mercy-le-Haut. Il appuie le régiment d’infanterie IR 30.

Le IR 30 dispose également de l’appui du II/69 (2ème groupe du FAR 69), qui est équipé de 18 obusiers. Au total, le IR 30 est donc appuyé par 36+18=54 canons, contre 12 canons de 75 pour le 161ème régiment d’infanterie français qui défend Mercy-le-Haut.

Rappel : ce document utilise l’heure allemande: en 1914, l’heure allemande est en avance d’une heure par rapport à l’heure française (9h à l’heure allemande = 8h à l’heure française)

Le 22 août 1914, le régiment se trouva prêt à partir à 5 heures du matin à OETTINGEN, à la sortie d’AUMETZ. Il était sous les ordres de la 68ème brigade d’infanterie (IR67 et IR145). Le régiment suivit le 4ème escadron du 14ème Uhlan jusqu’à la sortie nord d’AUMETZ.

Comme l’adversaire avait été annoncé en marche de MALAVILLERS sur AUDUN-LE-ROMAN, le régiment se porta au sud-est d’AUMETZ en position d’attente. On se mit en liaison avec le 30ème régiment d’infanterie (IR 30), qui se portait vers BEUVILLERS, et on reconnut d’autres positions de tir. Vers 9 heures, nous prîmes d’autres positions d’observation au nord de BEUVILLERS.

Le combat à la lisière du bois d’AUDUN-LE-ROMAN

Sur l’annonce que la lisière nord d’AUDUN-LE-ROMAN était occupée par l’ennemi, le 2ème groupe fut avancé sur la cote 390 au nord-ouest de BEUVILLERS et s’y mit à 9h50 en position dissimulée. A 10h50, la 4ème batterie ouvrit d’abord le feu sur la lisière nord-est d’AUDUN-LE-ROMAN. A la suite de quoi les 5ème et 6ème batteries tirèrent sur la lisière de la forêt occupée par l’ennemi au nord-ouest d’AUDUN-LE-ROMAN (il s’agit du bois d’AUDUN-LE-ROMAN. L’ennemi est la 5ème compagnie du 29ème BCP français.

Le combat de MALAVILLERS

A 11 heures, la 1ère batterie prit position au bord sud de BEUVILLERS et tira sur l’artillerie ennemie derrière la cote 349, à 2 kilomètres à l’est de MALAVILLERS (Il s’agit du point haut qui se trouve à droite de la D156 en allant à AUDUN-LE-ROMAN. Une compagnie du 29ème BCP s’y trouvait effectivement) . La 4ème batterie balayait de ses tirs derrière cette hauteur, parce qu’on y avait vu des mouvements (En principe, à ce moment-là, cette colline était déjà occupée par les Allemands !).

Lorsque le 30ème régiment d’infanterie (IR30) eut pris AUDUN-LE-ROMAN, le 2ème groupe fut avancé sur AUDUN-LE-ROMAN. Comme la lisière est du bois d’AUDUN était encore fortement occupée par l’ennemi, deux sections de la 4ème batterie prirent position près du nord-est d’AUDUN-LE-ROMAN et prirent sous leur feu la lisière de la forêt. A 11h55, les 2ème et 3ème batteries furent avancées à la sortie sud de BEUVILLERS mais ne prirent pas position car il ne se présenta aucune cible intéressante. Pour soutenir l’avancée du 30ème régiment d’infanterie sur MALAVILLERS, le régiment fut positionné tout autour à l’est d’AUDUN-LE-ROMAN. Les 5ème et 6ème batteries prirent position au sud de la voie ferrée dans le fond au sud d’AUDUN-LE-ROMAN pour s’opposer à l’infanterie ennemie se trouvant sur les hauteurs au nord et au sud de MALAVILLERS.

Comme le 30ème régiment d’infanterie n’avançait plus sous le feu ennemi de schrapnells, le 70ème régiment d’artillerie se porta à 13h20 très près derrière la ligne de tirailleurs, avec son front vers MERCY-LE-HAUT. La position fut prise sous un feu de l’infanterie et de l’artillerie ennemies qui venait de la cote 368. Les batteries prirent position au fur et à mesure de leur arrivée et comme elles arrivaient. A partir de l’aile gauche se trouvaient les 2ème, 3ème, 5ème, 4ème, 1ère, 6ème batteries. D’abord leur feu balaya derrière la cote 381 au nord de MALAVILLERS (il s’agit de la hauteur entre Malavillers et le bois, où se trouvent aujourd’hui des antennes), parce que, d’après le rapport de notre infanterie, des lignes de tirailleurs ennemis y faisaient une forte résistance. Et alors fut repris le combat d’artillerie à l’ouest de la route de MERCY-LE-HAUT. Puis le régiment suivit l’avancée du 30ème régiment d’infanterie sur MERCY-LE-HAUT.

Le combat de MERCY-LE-HAUT

Vers 16 heures, la 6ème batterie prit position sur la cote 381 au nord de MALAVILLERS et ouvrit le feu sur une forte troupe d’infanterie ennemie près de la route de MURVILLE. La 1ère batterie vint en soutien à l’aile gauche de la 6ème batterie. La 5ème batterie les y suivit rapidement.

A 17h45, les 2ème et 3ème batteries furent avancées dans une position sur la cote 368 à l’est de MERCY-LE-HAUT. Elles ouvrirent le feu sur les tirailleurs ennemis près de la route au nord et au sud de MERCY-LE-HAUT. A 18h30, la 1ère batterie arriva et fut positionnée à l’aile droite. Le 2ème groupe tirait en même temps de sa position en arrière sur le village de MERCY-LE-HAUT, fortement occupé.

Comme l’ennemi résistait avec une grande ténacité dans le village, le 2ème groupe prit position à 20h derrière la hauteur au sud-est de MERCY-LE-HAUT près de la route (La hauteur de la croix Colas), mais elle n’eut pas besoin de tirer car le village avait été évacué.

A 20h45, on se mit au bivouac à la lisière nord de MERCY-LE-HAUT.

Le 23 août, il n’y eut point de combat, parce que l’adversaire s’était replié et ne se rétablit que dans la région de l’Othain. Le régiment suivit la division, se mit au repos l’après-midi et établit son bivouac à Preutin. Les bagages arrivèrent dans la soirée.

 

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beaucoup de ses sites sont hyper intéressant, n'hésitez à aller voir

 

bonne lecture et

à suivre...

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